Fil d'Ariane
Dans la rédaction d’Al Shourouk, un quotidien national qui s’adresse à l’élite du pays, le rédacteur en chef évite prudemment de critiquer les lois sur la presse. En Egypte, les medias sont sous contrôle et la législation toujours plus contraignante. Dans bien des domaines, seules les informations officielles sont autorisées.
On fait particulièrement attention avec les sujets qui sont liés à la sécurité nationale ou à l’armée ou encore à la lutte contre le terrorisme. La loi est claire et on doit s’y conformer. Nous ne devons citer que les bilans officiels dans nos articles.
Emad El Din Hussien, rédacteur en chef du journal al Shourouk
Le deuxième mandat présidentiel d’Abdel Fattah al Sissi ne s’ouvre pas sur un assouplissement : la nouvelle loi sur la presse vise au contraire à parachever le contrôle des medias, y compris électroniques. Le politologue Mousatafa Kamel el Sayed écrit des chroniques pour le journal el Shourouk. Et il ne cache pas ses opinions : "Le seuil de liberté est très très limité par rapport à ce qu’on pouvait écrire il y a quelques années. Il n’y a pas vraiment une censure ouverte mais il y a de l’auto-censure. Et il y a toujours la possibilite que les autorites interviennent". Selon l’ONG Reporters sans frontières, "Avec 34 journalistes ou blogueurs dans ses geôles, l’Egypte est l’une des plus grandes prisons à ciel ouvert pour les journalistes”.
Mahmoud Abou Zied alias Shawkan est en prison depuis 5 ans. Il prenait des photos quand l’armée a tué un millier de frères musulmans qui manifestaient au Caire. Accusé d’appartenance à cette mouvance islamiste, le photographe risque aujourd’hui la peine de mort. Ce qui est incompréhensible pour sa famille.
Pourquoi est ce que Mahmoud risque la peine de mort ? Quelle en est la raison ? Je veux dire, est ce que c'est un crime d'être journaliste ? Il n’a rien fait contre l’armée ni la police…
Abdul Shakour Abou Zied, père de Mahmoud, alias Shawkan
Le 28 juillet, la justice pourrait rendre son verdict dans le procès de Shawkan. Un procès emblématique en Egypte où la profession de journaliste est devenue l’une des plus dangereuses au monde.