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Liberté de la presse en Egypte : la loi se durcit

L’Egypte adopte en ce moment une nouvelle loi qui va venir s’ajouter à l’arsenal juridique déjà très coercitif sur la liberté de la presse. La nouveauté aujourd’hui concerne surtout les medias électroniques et plus largement les réseaux sociaux. Reportage.
Après la loi anti-terroriste de 2015 et celle de décembre 2016 sur la régulation des medias, les utilisateurs de réseaux sociaux qui ont plus de 5000 abonnés seront désormais quasiment considérés comme des medias et soumis aux mêmes règles,  notamment en ce qui concerne la diffusion de ce que les autorités considèrent comme de fausses nouvelles. Cette année, près de 500 sites d’informations ont été bloqués en Egypte. De nombreux journalistes et blogueurs croupissent aujourd’hui en prison sans même avoir eu droit à des procès. L’ONG Reporters Sans frontières classe le pays au 161 eme rang mondial sur 180 en ce qui concerne la liberté de la presse. 

Rédactions sous contrôle

Dans la rédaction d’Al Shourouk, un quotidien national qui s’adresse à l’élite du pays, le rédacteur en chef évite prudemment de critiquer les lois sur la presse. En Egypte, les medias sont sous contrôle et la législation toujours plus contraignante. Dans bien des domaines, seules les informations officielles sont autorisées.



On fait particulièrement attention avec les sujets qui sont liés à la sécurité nationale ou à l’armée ou encore à la lutte contre le terrorisme. La loi est claire et on doit s’y conformer. Nous ne devons citer que les bilans officiels dans nos articles.

Emad El Din Hussien, rédacteur en chef du journal al Shourouk

Auto-censure

Le deuxième mandat présidentiel d’Abdel Fattah al Sissi ne s’ouvre pas sur un assouplissement : la nouvelle loi sur la presse vise au contraire à parachever le contrôle des medias, y compris électroniques. Le politologue Mousatafa Kamel el Sayed écrit des chroniques pour le journal el Shourouk. Et il ne cache pas ses opinions : "Le seuil de liberté est très très limité par rapport à ce qu’on pouvait écrire il y a quelques années. Il n’y a pas vraiment une censure ouverte mais il y a de l’auto-censure. Et il y a toujours la possibilite que les autorites interviennent". Selon l’ONG Reporters sans frontières, "Avec 34 journalistes ou blogueurs  dans ses geôles, l’Egypte est l’une des plus grandes prisons à ciel ouvert pour les journalistes”.

Mahmoud Abou Zied alias Shawkan est en prison depuis 5 ans. Il prenait des photos quand l’armée a tué un millier de frères musulmans qui manifestaient au Caire. Accusé d’appartenance à cette mouvance islamiste, le photographe risque aujourd’hui la peine de mort. Ce qui est incompréhensible pour sa famille.


Pourquoi est ce que Mahmoud risque la peine de mort ? Quelle en est la raison ? Je veux dire, est ce que c'est un crime d'être journaliste ? Il n’a rien fait contre l’armée ni la police… 

Abdul Shakour Abou Zied, père de Mahmoud, alias Shawkan

Le 28 juillet, la justice pourrait rendre son verdict dans le procès de Shawkan. Un procès emblématique en Egypte où la profession de journaliste est devenue l’une des  plus dangereuses au monde.