L'Inde et le Pakistan s'accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu

L'Inde et le Pakistan ont accepté ce samedi 10 mai de cesser leurs hostilités après quatre jours d'attaques meurtrières de drones, de tirs d'artillerie et de frappes de missiles. Mais quelques heures plus tard les deux rivaux se sont accusés de violer cette trêve.

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Inde/ Pakistan, la trêve ?

Des Pakistanais font des signes de victoire alors qu'ils célèbrent sur un modèle de char d'assaut l'accord de cessez-le-feu conclu entre l'Inde et le Pakistan, lors d'une manifestation à Multan, au Pakistan, le samedi 10 mai 2025. 

AP Photo/Asim Tanveer
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Quelques heures après l'annonce du cessez-le-feu, la diplomatie indienne a "demandé au Pakistan de prendre les mesures appropriées pour répondre à (des) violations (de la trêve) et traiter la situation avec sérieux et responsabilité". 

Des journalistes de l'AFP ont entendu samedi soir de fortes détonations à Srinagar, ville du Cachemire indien où la défense antiaérienne est entrée en action. 

Au Cachemire pakistanais, deux responsables ont rapporté à l'AFP des "échanges de tirs intermittents entre les forces pakistanaises et indiennes en trois endroits le long de la ligne de contrôle", la frontière de facto dans la région disputée.

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Islamabad "maintient son engagement à appliquer fidèlement" le cessez-le-feu et ses forces armées "gèrent la situation avec responsabilité et retenue", a répondu la diplomatie pakistanaise, accusant en retour New Delhi de violer le trêve.

"Augmenter le commerce"

Depuis mercredi, les deux voisins, nés d'une douloureuse partition en 1947 au départ du colonisateur britannique et dotés de l'arme nucléaire, inquiètent la communauté internationale.

"Après une longue nuit de discussions sous la médiation américaine, je suis heureux d'annoncer que l'Inde et le Pakistan ont accepté un cessez-le-feu total et immédiat", s'était vanté samedi, à la surprise générale, Donald Trump sur Truth Social. "Je suis très fier de la force et de la puissance inébranlables des dirigeants indiens et pakistanais qui ont eu la sagesse (...) de comprendre qu'il était temps de mettre fin à l'agression en cours qui aurait pu conduire à tant de morts et des destructions."

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Dimanche à l'aube, le président américain a encore loué "la force, la puissance inébranlables des dirigeants indiens et pakistanais" et leur "sagesse" et il s'est engagé à "augmenter de manière importante les échanges commerciaux avec ces grandes Nations".

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Si Islamabad a confirmé "un cessez-le-feu avec effet immédiat", une source gouvernementale à New Delhi a affirmé qu'il avait été directement négocié entre les deux adversaires et que rien d'autre ne serait discuté.

Selon le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio au contraire, les deux pays, qui se sont livré plusieurs guerres ont "accepté de commencer des pourparlers sur un large éventail de questions dans un lieu neutre".

Pour Michael Kugelman, spécialiste américain de la région, il s'agit d'un "cessez-le-feu conclu à la hâte, à un moment où les tensions étaient à leur comble". 

Et, selon lui, l'Inde n'en a pas forcément la même "interprétation" que celle des États-Unis et du Pakistan, deux pays historiquement très proches. 

Londres a salué un cessez-le-feu "extrêmement bienvenu", Paris s'est félicitée du "choix de la responsabilité", quand Berlin a noté "une première étape importante".

Le chef de l'ONU Antonio Guterres et l'Iran ont exprimé l'espoir d'une "paix durable".

La Chine, rivale de l'Inde et allié du Pakistan, s'est dite "disposée à continuer à jouer un rôle constructif" pour "éviter toute escalade".

"Nous souffrons le plus"

Le cessez-le-feu a apporté du soulagement au Cachemire, des deux côtés de la ligne de contrôle.

Côté pakistanais, pour Imran Mir, homme d'affaires de 30 ans, cela est "vraiment bienvenu" car "à chaque conflit, c'est nous qui souffrons le plus".

Côté indien, le chef du gouvernement local Omar Abdullah s'est réjoui de "pouvoir mieux organiser l'approvisionnement et le traitement des blessés".

Sukesh Khajuria, un Cachemiri indien, réclame toutefois de "la vigilance" car "c'est dur de faire confiance au Pakistan".

La poussée de fièvre remonte au 22 avril après un attentat qui a choqué l'Inde: des hommes armés ont abattu 26 civils sur un site touristique au Cachemire indien. 

New Delhi a accusé Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu'elle soupçonne de l'attaque, ce que son voisin a démenti fermement.

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Après des sanctions et menaces, les deux pays ont lancé mercredi leur pire confrontation depuis des décennies.

L'Inde a d'abord mené des frappes sur plusieurs villes pakistanaises, assurant y détruire des "camps terroristes", ce qui a déclenché attaques et ripostes.

Samedi matin encore, le Pakistan avait répliqué après des tirs de missiles indiens sur des bases militaires, dont l'une aux portes d'Islamabad.

Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a affirmé qu'"avec l'opération Edifice compact", son pays avait "donné à l'Inde une réponse adéquate et vengé les morts innocents".

L'Inde a reconnu avoir subi des frappes, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires dans le nord-ouest.

Selon le bilan officiel des deux camps, une soixantaine de civils ont été tués.

Cet état de guerre a provoqué d'importants mouvements de population de part et d'autre de la "ligne de contrôle".

Le Pakistan a rouvert son espace aérien mais, côté indien, 32 aéroports dans le nord-ouest restent fermés.