L'intense activité diplomatique échoue à apaiser les tensions autour de l'Ukraine

Les efforts diplomatiques marqués par une frénésie d'appels téléphoniques entre les dirigeants occidentaux et Moscou ont échoué à atténuer les tensions autour de l'Ukraine. Le Kremlin dénonçe "l'hystérie" américaine. Joe Biden menace Vladimir Poutine de "répercussions sévères et rapides" en cas d'invasion russe de l'Ukraine. Dès ce lundi 14 février, le chancelier allemand tentera aussi de jouer les médiateurs entre la Russie et l'Ukraine et les pays de l'OTAN.

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ukraine pancarte no to putin
Des Ukrainiens lors d'un rassemblement dans le centre de Kiev, en Ukraine, le samedi 12 février 2022, contre l'escalade des tensions entre l'Ukraine et la Russie.
©AP Photo/Efrem Lukatsky
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Les entretiens téléphoniques de Joe Biden et d'Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine n'auront donc pas permis de faire baisser les tensions autour de l'Ukraine. Waghington et Moscou restent sur leurs positions respectives.

Washington dès vendredi 11 février insistait sur le risque d'une invasion "imminente" de l'Ukraine par la Russie. Celle-ci avait  massé plus de 100.000 soldats près de la frontière et vient d'entamer des manoeuvres militaires en mer Noire et au Bélarus, encadrant de facto le pays.

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Une telle invasion aurait des conséquences "rapides et sévères" pour la Russie, a mis en garde samedi 12 février Joe Biden lors d'un entretien avec son homologue russe.

"L'hystérie a atteint son apogée", a commenté le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, tout en précisant que les deux présidents avaient convenu "de poursuivre les contacts à tous les niveaux".

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a quant à lui mis en garde samedi 12 février, après son entretien avec son homologue Sergueï Lavrov, contre une possible "provocation" russe, prétexte à la guerre.

"Personne ne devrait être surpris si la Russie déclenche une provocation ou un incident qu'elle utilise ensuite pour justifier une action militaire qu'elle avait planifiée depuis le début", a-t-il dit.

Depuis les premiers déploiements de troupes près de l'Ukraine, en novembre, Moscou nie toute intention d'invasion, mais réclame la fin de l'expansion de l'Otan et du soutien de l'Occident à cette ex-république soviétique, qu'elle considère comme faisant partie de sa sphère d'influence.

Lors de sa discussion avec le président français Emmanuel Macron, Vladimir Poutine a critiqué les "livraisons d'ampleur d'armements modernes" à son voisin, estimant qu'elles créaient "les conditions préalables à de possibles actions agressives des forces ukrainiennes" dans l'Est de l'Ukraine, où la Russie soutient depuis huit ans des séparatistes armés.

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La liste des pays appelant leurs ressortissants à quitter l'Ukraine ne cesse de s'allonger, avec notamment les Etats-Unis, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Canada, la Norvège ou encore l'Australie, le Japon et Israël.

La compagnie aérienne KLM a annoncé samedi la suspension jusqu'à nouvel ordre des vols vers l'Ukraine.

Moscou a aussi rappelé une partie de son personnel diplomatique, affirmant craindre des "provocations" adverses.

Les États-Unis ont également ordonné le départ de l'essentiel du personnel de l'ambassade américaine à Kiev, relevant qu'une offensive russe pouvait "commencer à tout moment et sans avertissement".

Le Canada a quant à lui annoncé samedi fermer temporairement son ambassade à Kiev et déplacer ses opérations dans un bureau temporaire à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine.

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Et l'Australie a annoncé dimanche évacuer ses derniers diplomates encore en poste à Kiev, déplaçant elle aussi ses activités à Lviv.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part une nouvelle fois jugé les déclarations américaines trop alarmistes.

"Toutes ces informations (quant à une éventuelle attaque) ne font que provoquer la panique et ne nous aident pas", a-t-il dit.

A Kiev, des milliers de manifestants ont défilé samedi, disant refuser de céder à la panique justement, même s'ils prennent la menace au sérieux.  

"La panique, ça sert à rien. Il faut s'unir et lutter pour notre indépendance", déclare l'étudiante Maria Chtcherbenko, tenant une pancarte "Je reste calme. J'aime l'Ukraine".

manifestations contre les tensions en ukraine
Des Ukrainiens assistent à un rassemblement dans le centre de Kiev, en Ukraine, le samedi 12 février 2022, lors d'une manifestation contre l'escalade potentielle des tensions entre la Russie et l'Ukraine.
©AP Photo/Efrem Lukatsky

Ajoutant aux tensions, la Russie a lancé samedi de nouvelles manoeuvres navales en mer Noire pour s'exercer à "défendre" la Crimée, péninsule annexée en 2014. 

Le ministère de la Défense a par ailleurs affirmé que la marine russe avait chassé un sous-marin américain de ses eaux dans l'océan Pacifique samedi.

Faux, a répondu Washington: "Il n'y a aucune vérité dans les affirmations russes concernant nos opérations dans leurs eaux territoriales", a démenti l'armée américaine.

Les Occidentaux excluent d'engager leurs armées en cas de guerre, mais ont prévu des représailles économiques dévastatrices.

Cette crise est, selon les Occidentaux, la plus dangereuse en Europe depuis la fin de la Guerre froide.

La Maison Blanche a déjà esquissé le scénario de l'offensive russe, évoquant de probables "bombardements aériens et des tirs de missiles" et un assaut possible contre la capitale Kiev.

Le chancelier allemand Olaf Scholz doit reprendre le flambeau, en allant à Kiev lundi et à Moscou mardi.