Fuyant les combats en Syrie avec sa famille, un jeune syrien de 16 ans a trouvé refuge au Liban. Et une vocation : le surf. Lui qui a vu la mer pour la première fois en 2011, est désormais totalement adopté par un groupe de libanais surfeurs, dans un pays où les réfugiés syriens sont largement ostracisés.
Pendant des mois, il les a scrutés, admirés et... craints. Assis sur la grande plage de Jiyeh, à 28km au sud de Beyrouth, un "spot de surf" bien connu des habitués, Ali n'a longtemps pas osé approcher les surfeurs qu'il voyait voler au loin sur les vagues. Mais il les observait, apprenant chaque geste, chaque position, chaque mouvement de leurs planches.
Ali a 10 ans lorsqu'il aperçoit la mer pour la première fois, au Liban. Là d'où il vient, Alep en Syrie, la Méditerranée est lointaine -à 150 km environ à l'ouest- et effrayante. Elle représente surtout une promesse dangereuse pour les candidats à l'exil. Les parents d'Ali lui ont préféré la terre ferme.
En 2011, emportant tous leurs biens, ils prennent la route pour le Liban.
De la Syrie au Liban
A peine l'a-t-il vue que le jeune garçon est hypnotisé par la Grande Bleue. Il lui faudra une poignée de semaines pour apprendre à nager, tout seul. Et encore moins pour apprendre à surfer.
Il a alors 14 ans et se lance. "J'ai aperçu une planche en polystyrène au bord de l'eau et je l'ai transformé en planche de surf" raconte le jeune garçon aux yeux rieurs.
Les conditions météorologiques n'étaient pourtant pas optimales, la mer très agitée, rien ne semblait pour autant vouloir stopper la détermination d'Ali. Sauf, le groupe de surfeurs, qu'il observait depuis des mois. Ils jugèrent l'entreprise périlleuse et lui enjoignirent de revenir sur la berge.
Sous l'aile des surfeurs libanais
"Il était prêt à affronter les vagues même sans combinaison donc il en avait vraiment envie !" explique Ali El Amin, un libano-américain, qui l'a presque secouru des flots.
Face à autant de cran, le "grand Ali", gérant d'une école et d'une boutique de surf sur la plage, a offert une combinaison et une planche au "petit Ali", ainsi que des cours de surf.
C'était il y a deux ans. Aujourd'hui, "Little Ali" est totalement adopté par le groupe de trentenaires libanais, dont il est devenue la mascotte.
Dans un pays où l'ostracisme reste grand à l'encontre des réfugiés syriens qui affluent (un million a été accueilli dans ce pays qui compte 4 millions d'habitants), Ali a réussi à se faire une place.
Il sait désormais prendre les vagues comme les autres et sa jeunesse lui ouvre un avenir prometteur.
Prochains objectifs ? Surfer à travers le monde, découvrir les "spots" sri-lankais et californiens, participer au championnat mondial et ouvrir une école de surf en Syrie... quand la guerre sera finie.