Loi Immigration en France : le ministre de la Santé Aurélien Rousseau démissionne

Le porte-parole du gouvernement français Olivier Véran confirme la démission du ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Il est remplacé "en interim" par l'actuelle ministre déléguée chargée des professions de santé Agnès Firmin Le Bodo.

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Aurelien rousseau

Aurélien Rousseau le 6 mars 2020, alors qu'il était à la tête de l'Agence régionale de santé d'Île de France. 

Ludovic Marin, Pool via AP
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Sa démission a été confirmée par le porte-parole du gouvernement français. Aurélien Rousseau, 47 ans, avait été nommé ministre de la Santé il y a tout juste cinq mois, le 20 juillet, succédant au médecin urgentiste François Braun. Il était auparavant directeur de cabinet d'Elisabeth Borne à Matignon. "Il n'y a pas de mouvement de fronde ministérielle", assure Olivier Véran, lors du compte-rendu du conseil des ministres, au lendemain du vote au Parlement du projet de loi Immigration vivement critiqué par la gauche et applaudi par la droite et l'extrême droite.

"Pas un choix facile"

Agnès Firmin Le Bodo, 55 ans, pharmacienne et membre du parti Horizons d'Edouard Philippe, était jusqu'à présent ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé depuis juillet 2022. "J'ai beaucoup d'estime, beaucoup d'amitié" pour Aurélien Rousseau "et je le remercie pour ce qu'il aura mis en place et poursuivi" déclare Olivier Véran. 

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"Le choix de démissionner n'est pas un choix facile", a-t-il ajouté, après des heures de rumeurs faisant état du départ d'Aurélien Rousseau, suite au vote du projet de loi Immigration au Parlement le 19 décembre au soir. "Peut-être que les chemins sont tortueux qui conduisent à entériner l'idée de sa propre démission".

"Il n'y a pas de crise"

L'exécutif s'évertue toutefois à nier toute crise au sein de la majorité macroniste malgré le profond malaise et les divisions générés par l'adoption au Parlement d'une loi controversée sur l'immigration, avec les voix du Rassemblement national qui s'estime idéologiquement vainqueur de la séquence. "Il n'y a pas de crise dans la majorité", assure la Première ministre sur France Inter au lendemain de l'adoption du texte, soutenu à la dernière minute par l'extrême droite et dont une partie de la majorité s'est détournée.

Plusieurs figures de la majorité ne cachaient pas mercredi matin leur gêne, accentuée par le ralliement de Marine Le Pen à ce texte qui a pour but de faciliter les expulsions de migrants illégaux et rendre moins attractif pour les étrangers le système de protection sociale français. Le président de la commission des Lois Sacha Houlié, qui a voté contre le texte, a dit sur RTL avoir "un peu la gueule de bois".

"Il est absolument nécessaire de remettre d'aplomb la majorité, ses idées, et le gouvernement", a jugé sur France 2 le patron du MoDem François Bayrou, allié historique d'Emmanuel Macron. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a admis qu'elle "n'aurait pas rédigé 100% du texte" qu'elle a voté mardi et que "la majorité vivait un moment plutôt douloureux".

Quant au département du Lot, dirigé par la gauche, il a annoncé qu'il refuserait d'"appliquer la préférence nationale" instituée selon lui par la loi immigration pour l'attribution de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Dans l'opposition, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, à la manœuvre depuis plusieurs semaines pour faire pencher le texte à droite, a mis en doute la détermination du chef de l’État à appliquer le texte voté, prédisant la fin du macronisme qui selon lui ne tenait que lorsqu'il y avait "des petites mesures".