Fil d'Ariane
Pour la première fois, une agence des Nations unies a directement accusé Israël d'imposer "un régime d'apartheid" au peuple palestinien. Sous la pression d'Israël et des Etats-Unis, le Secrétaire général de l'ONU s'est dissocié de ce document. Après plusieurs jours de polémique, la Secrétaire générale adjointe des Nations unies, Rima Khalaf, qui l'avait mis en ligne, a démissionné.
Voilà une affaire qui embarrasse bien Antonio Guterres... Mercredi 15 mars, la Jordanienne Rima Khalaf, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO ou ESCWA), l'une des cinq commissions régionales des Nations unies chargée des questions économiques et sociales dans le monde arabe, publie sur son site un rapport. Rédigé à la demande de cet organe par deux spécialistes de droit international (lire l'encadré plus bas), connus pour leur hostilité la politique d'occupation israélienne, ce rapport affirme qu'"Israël a mis en place un régime d'apartheid qui institutionnalise de façon systématique l'oppression raciale et la domination du peuple palestinien dans sa totalité".
Dès sa publication, le rapport provoque l'ire d'Israël. Le ministère des Affaires étrangères le compare à de la "propagande nazie". Israël et ses soutiens exhortent alors M. Guterres à dénoncer le rapport décrit comme "une attaque sans fondement destinée à isoler et à délégitimer le pays". A leur tour, les Etats-Unis fustigent le document. "Outrée", Nikki R. Haley, représentante de l'administration Trump à l'ONU, exige la démission de la fonctionnaire onusienne.
A plusieurs reprises, l'ONU repète alors aux journalistes que le rapport publié sur le site de la CESAO ne reflète pas les positions d'Antonio Guterres, qui "n'en avait pas eu connaissance", puisqu’il a "été rédigé sans consulter New York", selon le porte parole de l'ONU, Stephane Dujarric. Le Secrétaire général de l'ONU aurait ainsi demandé à Mme Khalaff de "retirer ce rapport du site Internet de la commission, non pas en raison de ce qu'il contient, mais parce que personne, au siège des Nations unies n'a été consulté avant sa publication."
UN official, Rima Khalaf, resigns after UN leaders forced her to withdraw Israel apartheid report https://t.co/naFCuPrR5g pic.twitter.com/zf3BMYE4Jf
— Al Jazeera English (@AJEnglish) 17 mars 2017
Après trois jours de vives polémiques, vendredi, le rapport n'est plus consultable sur le site de la CESAO. Lors d'une rapide conférence de presse, la Secrétaire générale adjointe de l'ONU, Rima Khalaf, annonce que face "aux incessantes pressions subies par Antonio Guterres", elle a décidé de retirer le rapport de son site. Et de démissionner de son poste. Démission acceptée par le Secrétaire général. Une décision immédiatement saluée par l'ambassadrice américaine à l'ONU : "Lorsqu'une personne publie un rapport faux et diffamatoire au nom de l'ONU, il est de mise que la personne démissionne". Et l'ambassadeur israélien d'exulter, estimant même que la diplomate oeuvrait depuis longtemps à nuire à son pays et que sa mise à l'écart aurait du intervenir "bien avant cette affaire".