L’ONU veut-elle des pays africains en tant que membres permanents du Conseil de sécurité ?

C’est une requête de plus de 30 ans des pays africains : que certains d’entre eux fassent partie des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. La grand-messe annuelle des Nations Unies qui débute ce mardi 24 septembre à New York, devrait aborder la question.

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Abdel-Fattah Al-Burhan Abdelrahman Al-Burhan, président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan depuis 2021, le 21 septembre 2023, au siège de l'ONU à New York.

Abdel-Fattah Al-Burhan Abdelrahman Al-Burhan, président du Conseil de souveraineté de transition du Soudan depuis 2021, le 21 septembre 2023, au siège de l'ONU à New York.

AP Foto/Craig Ruttle
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Les États-Unis étaient le dernier pays récalcitrant et c’est seulement quelques jours avant l'Assemblée générale qu’ils se sont prononcés favorablement sur la question.

L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré le 12 septembre soutenir le projet d’une réforme de la composition des membres permanents à savoir la création de deux sièges permanents pour les pays africains au Conseil de sécurité et d’un siège tournant pour de petits pays insulaires en développement.

Cette décision survient alors que les États-Unis cherchent à rétablir leurs liens avec l'Afrique, où beaucoup sont mécontents du soutien apporté par Washington à la guerre d'Israël à Gaza, mais aussi à approfondir leurs relations avec les pays insulaires du Pacifique qui sont importants pour contrer l'influence de la Chine dans la région.

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« Depuis des années, les pays réclament un conseil plus inclusif et plus représentatif, qui reflète la démographie du monde actuel et réponde mieux aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui », a déclaré Linda Thomas-Greenfield lors du Conseil des relations extérieures le 13 septembre.

Un siège mais sans veto

Le statut de membre permanent qu’endossent la Chine, les États-Unis, la Russie, la France et le Royaume-Uni, induit la possibilité d’user d’un droit de veto pour toute décision soumise au conseil. Un pouvoir que les États-Unis ne veulent toutefois pas étendre au-delà des cinq pays qui le détiennent.  

Cela n’aurait aucun intérêt pour les nouveaux pays membres, commente sans ambages Francis Kpatindé, maître de conférences à Sciences Po Paris sur le plateau du Journal afrique de TV5MONDE. Il y aurait donc des membres permanents avec droit de veto, des membres permanents sans droit de veto et des membres non permanents. Cela complexifierait la situation inutilement.” 

La plupart des opérations de maintien de la paix se déroulent en Afrique, et l’Afrique fournit 40% des troupes de maintien de la paix. 

Francis Kpatindé, maître de conférences à Sciences Po Paris

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a lui qualifié ce statut de membre permanent sans droit de veto de “participation de seconde zone.

Au-delà des cinq membres permanents, dix autres États sont élus par l'Assemblée générale pour un mandat de deux ans. L’Albanie, le Brésil, les Émirats arabes unis, le Ghana et le Gabon l’ont été en 2023, tandis que l’Équateur, le Japon, Malte, le Mozambique et la Suisse ont été élus l’an dernier. Ces pays sont choisis afin de représenter toutes les régions du monde.  

Pourtant, l’Afrique est le seul continent à ne pas être représenté parmi les membres permanents. Le continent accueille 1,3 milliard d’habitants sur son territoire, soit 17% de la population mondiale.  

Par ailleurs, “la plupart des opérations de maintien de la paix se déroulent en Afrique, et l’Afrique fournit 40% des troupes de maintien de la paix,” renchérit Francis Kpatindé. Sa présence parait donc comme évidente.  

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Changement de charte

Ajouter un ou deux pays au groupe restreint des membres permanents prendrait dans tous les cas plusieurs années selon bon nombre d’experts. Tout changement à la charte de l’ONU qui régit le fonctionnement de l’organisation internationale entraîne un vote des deux tiers des pays rassemblés en assemblée générale, ainsi que l’approbation du Conseil de sécurité. 

À cela s’ajoute la question de quels pays choisir. Seraient-ils désignés par la taille de leur population ou de leur territoire ? Quelques pays seraient déjà  identifiés plus que d’autres pour pouvoir faire partie de la liste finale : l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie, l’Algérie ou encore le Maroc. Mais aucun accord n’est ressorti des discussions entre les pays africains.

Le sujet pourrait être déterminant lors du prochain sommet de l’Union africaine qui doit avoir lieu en 2025 à Addis Abeba.