Lou Reed est mort dimanche à l'âge de 71 ans près de New York, suite à des complications dues à sa greffe du foie subie au printemps dernier. Légende du rock américain, l'ex-leader du Velvet Underground aura influencé des générations entières.
Lou Reed au Festival des Vieilles Charrues le 17 juillet 2011, à Carhaix (afp - Fred Tanneau).
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Quelques heures avant l'annonce de sa mort, ses comptes officiels Twitter et Facebook avaient publié un dernier message, intitulé La porte: une photo d'une affiche le représentant, collée sur l'entrée d'un bâtiment.
Au printemps dernier, l'interprète de Walk on the wild side et Perfect Day avait subi aux Etats-Unis une greffe du foie alors qu'il « était en train de mourir », selon les propos de sa femme Laurie Anderson. Poète de la ville, le premier album du Velvet Underground est considéré comme une des oeuvres majeures du rock.
Lou Reed avait cependant dû annuler une série de concerts en avril et notamment deux soirées au festival de Coachella en Californie. D’un caractère ombrageux, aimant déstabiliser les journalistes, il n’acceptait aucun rappel sur scène. Il n’hésitera pas à faire expulser, un soir à Paris, un admirateur qui applaudissait trop fort l’une de ses prestations. L’artiste était un homme tourmenté, parfois scandaleux, mais qui avait une très haute exigence de son art.
Grandi à Long Island, l’adolescent avait subi plusieurs séances d'électrochocs, ses parents n’admettant pas sa bisexualité. Sans cesse au bord du gouffre, alternant alcool et prises de drogues dures, Lou Reed, longtemps, aura joué avec lui même, essayant de canaliser ses pulsions autodestructrices avec de terribles tendances sadomasochistes. "Sexe, drogue et rockn'roll" a longtemps été son quotidien. Il n'en tirait aucune fierté. Mais il semble qu'il aura payé toute sa vie une enfance déglinguée.
Ce misanthrope fort en gueule aura croisé le chemin musical de Brian Eno, David Bowie, John Cale, Iggy Pop avec un bonheur inégal mais explorant sans cesse de nouvelles voies : « J'ai très consciemment essayé de rapprocher le rock de la littérature, expliquera-t-il au journaliste Stéphane Davet. Dans les pièces et les livres, l'auteur a le droit d'écrire ce qui se passe réellement. Pourquoi la vérité des faits et des sentiments était-elle refusée aux chansons ? »
Toujours à la marge
Au cours de l'un des derniers entretiens accordé avant sa mort au Times début septembre, le musicien avait revendiqué un statut à part: « Je n'ai jamais vendu beaucoup de disques. Bon, d'accord, ça m'est presque arrivé, une fois (avec l'album Transformer). Mais j'ai toujours été à la marge, je le suis encore, je n'ai jamais fait ce qu'ils voulaient ».
Lors de cet entretien, il était apparu « très frêle », le visage émacié, le teint gris, marchant à l'aide d'une canne à pommeau d'argent, raconte le journaliste du Times.
Lou Reed avait largement évoqué ses problèmes avec la drogue et l'alcool dans le passé: « J'ai essayé de me débarrasser de la drogue en buvant », avait-il écrit en 1992. « Mais ça n'a pas marché », avait-il reconnu.
Né à New York en 1942, il était marié avec Laurie Anderson depuis 2008. Le couple résidait à New York.
L'annonce du décès de cette figure du rock aussi légendaire que peuvent l'être David Bowie, Mick Jagger, Bob Dylan ou Iggy Pop, a immédiatement suscité une avalanche de réactions.
L'auteur britannique Irvine Welsh, dont l'adaptation sur grand écran de son roman Trainspotting avait fait redécouvrir aux plus jeunes le titre Perfect Day s'est dit « triste » sur Twitter d'apprendre le décès du chanteur: « C'était une telle star. RIP Lou, et merci de nous avoir donné Perfect Day pour Trainspotting ».
Sur le compte Twitter officiel du groupe britannique The Who, un message faisait référence à l'autre titre le plus connu de l'artiste, Walk on the wild side, qui a connu un énorme succès alors qu'il évoquait des questions difficiles, comme la drogue et la transsexualité : « RIP Lou Reed. Walk on the peaceful side » ("marche en paix").
« NY (New York) a perdu un de ses représentants les plus marquants », a écrit l'actrice Susan Sarandon sur son compte Twitter.
Parmi les dizaines de messages envoyés, celui qui résume sans doute le mieux le sentiment général est venu de David Bowie sur sa page Facebook: « C'était un maître.»
« A l'avant-garde du rock, Lou Reed nous laisse un patrimoine musical exceptionnel qui a définitivement marqué l'histoire de la musique », a estimé la ministre française de la Culture, Aurélie Filippeti dans un communiqué.