Fil d'Ariane
En cette journée internationale de la Francophonie, la présidente de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) Louise Mushikiwabo revient sur les événements qui ont marqué le début de son mandat et les défis qui s’imposent pour les mois qui suivent.
Lors du dernier sommet de la Francophonie à Djerba, en Tunisie, Louise Mushikiwabo confie avoir vécu sa réélection comme « un rappel pour moi, celui de ne pas être encore là où on devrait être. »
Celle qui connaissait jeune déjà « la musique malienne, la danse sénégalaise » souhaite mettre le « focus sur la diversité des cultures francophones dans le monde » et en faciliter l’accès. Ce qu’on appelle la « découvrabilité » au Québec.
« On existe mais nous ne sommes pas assez connus. Il y a un talent francophone sur le plan culturel, avec une influence certaine dans le monde culturel d’aujourd’hui. Ce talent francophone ne circule pas facilement, même au sein de son propre espace. » déplore la présidente.
Au micro de Patrick Simonin, Louise Mushikiwabo revient aussi sur les propos polémiques de Kaïs Saïed sur les migrants subsahariens.
Le 21 février, le chef d’État tunisien avait affirmé que la présence de "hordes" d'immigrés clandestins originaires d'Afrique subsaharienne était source de "violence et de crimes" et relevait d'une "entreprise criminelle" visant à "changer la composition démographique" du pays.
Des propos qui "ont fait beaucoup de mal", a jugé la secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo, se disant "choquée" par le discours du chef d'État.
"Les propos du président tunisien ont révolté beaucoup d'Africains, dont moi-même, qui suis de l'Afrique subsaharienne et qui a vécu et travaillé en Tunisie", a déclaré la présidente.
« J'ai eu l'occasion d'exprimer mon mécontentement au président » a-t-elle renchéri, expliquant qu'elle lui avait envoyé "une longue lettre".
Louise Mushikiwabo avait par ailleurs co-présidé avec Kais Saied le dernier sommet de la francophonie en novembre 2022 à Djerba.
Le discours du président français sur la redéfinition de sa politique avec le continent africain a aussi retenu l’attention de Louise Mushikiwabo. Un discours dans lequel Emmanuel Macron a estimé que l’Afrique ne devait plus être un « pré carré » français et plaidant pour une relation "équilibrée" basée sur des "investissements" plus que sur des aides.
« Il était temps qu’on en parle, admet la président de l’OIF. Il y a un rejet de la France dans beaucoup de pays africains francophones. Cependant la question désormais pour beaucoup d’africains c’est comment y arriver rapidement ? Il ne faudra pas attendre le prochain sommet de la francophonie, fin de l’année 2024, pour initier un changement. »