Louise Mushikiwabo réélue à la tête de l'OIF : "Toute mon expérience et mon énergie au service de notre organisation"

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conf de presse de cloture
Isabelle Mourgere/TV5MONDE
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La secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) Louise Mushikiwabo est réélue à son poste. Elle était l’unique candidate en lice. Quelles perspectives souhaite-t-elle donner à ce second mandat de quatre ans ? Et quel est le bilan du premier ? Décryptage. 
La Rwandaise Louise Mushikiwabo reste à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Seule candidate en lice pour le poste de secrétaire générale, elle a été à l’unanimité reconduite à son poste, annonce Emmanuel Macron à TV5MONDE le 19 novembre. 
 
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Sa réélection a été réaffirmée ce 20 novembre, en clôture du XVIIIe Sommet de la Francophonie, qui se déroulait à Djerba en Tunisie. "Je prends cette marque de confiance avec beaucoup d'humilité", déclare Louise Mushikiwabo lors de la cérémonie de clôture du sommet. 

Quelles perspectives pour son second mandat ?

Au terme du sommet de Djerba, la secrétaire générale de la Francophonie explique que "notre organisation avait besoin de se rencontrer pour faire le bilan de la transformation et des actions menées par l'OIF depuis Erevan." Ce fut aussi l'occasion pour l'OIF de "disposer de suggestions, de nouvelles idées de la part des chefs d'États et gouvernements sur les priorités de l'organisation", poursuit-elle.

Nous sommes en route vers une francophonie de l'avenir modernisée beaucoup plus pertinente.Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l'OIF.

"Le soutien, l'affection, je ne prends jamais ça pour acquis", explique Louise Mushikiwabo après l'annonce de sa réélection. Elle fait la promesse de continuer à s'investir "beaucoup plus" pour son prochain mandat. "Je continuerai à mettre toute mon expérience et mon énergie au service de notre organisation", précise-t-elle. "Nous voulons être une organisation qui répond et qui est présente auprès de ses citoyens."
Elle promet ensuite de s'atteler "à la mise en oeuvre des décisions prises à Djerba, signe de la francophonie de l'avenir."

Lors de la conférence de presse suivant la cérémonie de clôture du sommet, Louise Mushikiwabo affirme que "nous sommes en route vers une francophonie de l'avenir modernisée beaucoup plus pertinente."
"Nous allons donc, dans les deux prochaines années, nous atteler à mettre en application les décisions de ce sommet qui viennent de s'ajouter au travail déjà effectué", conclut-elle.

Un premier mandat perturbé par la pandémie 

Louise Mushikiwabo a pris la tête de l’OIF en 2019, après avoir été élue lors du Sommet de 2018, à Erevan. Un an et demi plus tard, le monde se retrouve confronté à la pandémie de Covid-19. "Ces quatre ans n’ont pas été faciles", reconnaît-elle, interrogée sur le plateau d’Internationales sur TV5MONDE. Elle voit cette période comme "un moment qui a permis à l’OIF d’avancer" et d’effectuer des transformations, "surtout en interne", explique la secrétaire générale de l’OIF. 

Trois pays suspendus, ça fait beaucoup.Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie.

Au cours des quatre dernières années, trois pays ont été suspendus par l’OIF : le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. Tous les trois ont connu des coups d’État militaires ces dernières années. "Trois pays suspendus, ça fait beaucoup", reconnaît Louise Mushikiwabo. Elle considère cette situation comme un "problème", pour l’Organisation.
D’un autre côté, le Tchad est toujours un membre actif de l’OIF, alors que le pays connaît une crise socio-politique : l’opposition accuse le pouvoir de mener une purge dans le pays. "À l’OIF, nous sommes restés très proches du pays surtout pour l’accompagner sur le chemin du retour à la démocratie", se défend la secrétaire générale de l’Organisation. 

La restructuration des finances de l'OIF

  • Au cours du premier mandat de Louise Mushikiwabo, la structure interne de l'OIF a changé.
  • Ces trois dernières années, l'OIF a dégagé des excédents financiers "ce qui a permis de consolider des fonds de réserves", explique l'Organisation. 
  • Cependant, le personnel de l'OIF a été réduit : un départ à la retraite sur 3 n'a pas été remplacé et le recrutement de spécialiste a été privilégié face aux postes administratifs et de soutien. 
  • Le nombre de projets a aussi été réduit : il reste "25 projets phares" sur une quarantaine, au moment où Louise Mushikiwabo a pris ses fonctions.

"Je pense que c’est une bonne chose de l’avoir reconduite", explique le président français Emmanuel Macron à TV5MONDE. Si le bilan de Louise Mushikiwabo est salué par de nombreux chefs d’États francophones, il reste néanmoins critiqué. Le 15 novembre 2022, le poète sénégalais Amadou Lamine Sall publie une chronique dans le quotidien québécois Le Devoir, dans laquelle il affirme que "le moteur (de la Francophonie) n’est pas en panne, il est mort." Selon lui, cela est dû à "l’invisibilité de l’OIF."

La Francophonie et son moteur sont bien en vie.Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie.

Par ailleurs, en juin 2022, deux pays membres de l’OIF, le Gabon et le Togo, ont rejoint le Commonwealth. La secrétaire générale de l’OIF ne voit pas cela comme une défaite pour l’OIF, mais plutôt comme « une illustration d’un monde francophone décomplexé. »

« On a des appartenances multiples », rappelle Louise Mushikiwabo. Elle explique également que des pays non-francophones sont intéressés pour intégrer l’OIF. Parmi eux, l’Angola ou le Koweit. « Cela ne va pas que dans un sens », résume-t-elle. Selon Louise Mushikiwabo, "la Francophonie et son moteur sont bien en vie."

Une fois son second mandat terminé, quelles seront ses aspirations ? «Il sera temps de se poser, tempère Louise Mushikiwabo. Dans quatre ans, je serai prête pour ma retraite.»