Vendredi 22 septembre, Loup Bureau était l'invité du 64'. Il a raconté en exclusivité son incarcération en Turquie.
Un reportage de 2013 : voilà le point de départ de toute l'histoire. Loup Bureau s'était rendu au Kurdistan Syrien deux après la révolte du peuple syrien. À l'époque, l'État islamique n'existe pas, ce sont trois groupes de jihadistes qui essayent de récupérer le contrôle du pays en reprenant à leur compte le mouvement de révolte de la population.
On distingue donc le Front islamique de libération de la Syrie, le Front islamique syrien et le groupe sans doute le plus connu, le Front Al-Nosra. Au nord-ouest du pays, la communauté kurde se regroupe pour lutter contre ces islamistes, principalement contre Al-Nosra. Ils combattent régime, opposition et jihadistes car leur désir d'indépendance n'est défendu par aucun des partis. Loup Bureau part donc dans cette région pour effectuer un reportage pour TV5MONDE sur les groupes armés kurdes. Et c'est ce reportage, ainsi que les photos prises avec les kurdes, présents dans le disque dur de son ordinateur saisi en Turquie, qui lui a valu d'être emprisonné.
Il faut bien comprendre que la Turquie ne voit pas d'un bon oeil ces groupes kurdes car leur volonté d'avoir un pays "à eux" lui retirerait une partie de son territoire puisque de nombreux kurdes vivent en Turquie. C'est une des raisons pour laquelle Ankara a déclaré récemment qu'elle jugeait "inacceptable" le référendum d'indépendance des kurdes irakiens.
Le reportage de Loup Bureau, le voici :
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Le récit de Loup Bureau
En reportage, Loup Bureau attendait au kurdistan irakien son visa pour se rendre au kurdistan syrien. La procédure étant assez longue (une dizaine de jours à attendre), il décide d'aller rendre visite à une amie qui à Lesbos, une île grecque au large de la côte ouest de la Turquie. Il franchit la frontière turque et c'est là qu'il se fait arrêter. D'abord en garde-à-vue puis isolé en prison.
Si la garde-à-vue était plus éprouvante physiquement, "la prison a été plus dure d'un point de vue psychologique". Il était emprisonné dans une cellule "d'à peu près 40 mètres carrés [...] normalement, c'était une cellule qui était prévue pour 12 personnes. Il se trouve que j'étais tout seul dedans parce que j'étais isolé." Le plus dur étant d'être coupé du monde extérieur : il n'avait droit qu'à dix minutes au téléphone avec son père toutes les deux semaines. Son avocat le voyait tous les trois ou quatre jours mais c'était surtout pour faire le point sur la procédure. Pour tenir, le jeune journaliste a beaucoup lu, trouvant dan sles livres une forme d'échappatoire.
C'est l'un de ses gardiens qui lui a appris que Emmanuel Macron avait demandé sa libération. Loup Bureau a d'ailleurs déclaré que "si je suis ici, j'ai bien conscience que c'est en partie grâce à la diplomatie française". S'il n'est pas au courant des modalités de sa libération, il a pris connaissance des rumeurs autour des conditions de son départ de Turquie sans pour autant pouvoir les confirmer ni les infirmer. En revanche, il a affirmé que "jamais je ne retournerai dans ce pays (la Turquie, ndlr). Après on ne sait pas de quoi demain sera fait, il peut y avoir beaucoup de changements dans les prochaines années mais à l'heure actuelle c'est hors de question."
Pour la suite, Loup Bureau va finir ses études de journalisme en Belgique. Il n'a pas encore de projets de reportage, l'important à ses yeux étant "d'être là pour mes proches qui eux aussi ont souffert de cette situation".