L'UE accentue la pression sur la Grèce pour l'accueil des réfugiés

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Face à l'urgence de la crise migratoire, la Commission européenne exhorte une fois encore la Grèce à améliorer les conditions d'accueil des réfugiés, avec l'objectif de pouvoir lui renvoyer des migrants afin de soulager d'autres Etats membres débordés. Chaque jour, les sauveteurs tentent de venir en aide à de nouveaux naufragés, comme le montre ce reportage de nos confrères de la RTBF.

Bruxelles a aussi rappelé avec insistance aux 28 Etats membres leurs obligations en matière de répartition des réfugiés, alors que le processus avance avec une lenteur qui irrite l'exécutif européen.

Ramener Athènes dans le giron du règlement de Dublin qui oblige l'Etat membre de la première entrée dans l'UE à examiner les demandes d'asile : telle est la dernière recommandation de l'exécutif européen pour mettre un peu d'ordre dans la gestion de la pire crise migratoire depuis 1945.

migrant grece
Des familles de réfugiés arrivant au port grec du Pirée, le 10 février 2016. Selon l'Organisation internationale des migrations, 409 personnes sont mortes pendant leur traversée en Méditerranée depuis début 2016, soit 10 fois plus qu'à la même période l'an dernier.
©AP Photo/Thanassis Stavrakis

Depuis 2010-2011, les Etats membres n'ont plus la possibilité de renvoyer des migrants vers la Grèce en vertu de la règle de la première entrée, à la suite de carences mises en évidence par la Cour européenne de justice et la Cour européenne des Droits de l'Homme dans le traitement des demandeurs d'asile.

La Grèce, qui se débat pour sortir d'une crise financière majeure, doit encore améliorer certains domaines comme "les capacités et les conditions d'accueil, l'accès à la procédure de demande d'asile, (la possibilité de faire) appel, et l'aide juridique", souligne la Commission.

Des "mesures urgentes" doivent être prises "dans l'objectif d'une possible reprise de certains transferts", préconise la Commission, qui a pourtant annoncé son intention de réformer "Dublin" qui a, de fait, craqué devant l'afflux de plus d'un million de migrants en 2015.

"Dublin n'est pas mort. Nous le maintenons en vie aussi longtemps que nous avons besoin pour commencer sa révision", s'est défendu Dimitris Avramopoulos, commissaire européen chargé de la Migration.

"Message clair et fort"

Devant cette crise sans répit, Bruxelles s'en est pris aux autres Etats membres. "J'ai écrit une lettre (...) avec un message clair et fort pour leur rappeler qu'ils sont liés par les décisions sur la répartition des réfugiés, qui doivent être appliquées immédiatement face à l'urgence de la situation", a-t-il dit.

C'est le moment pour chacun de montrer plus de responsabilités Dimitri Avramopoulos

L'été dernier, les 28 s'étaient mis d'accord, très laborieusement, sur deux mécanismes de répartition au sein de l'UE pour l'accueil de 160.000 personnes arrivées en Grèce et en Italie.

Mais selon le dernier recensement de la Commission, seulement 218 candidats ont été "relocalisés" depuis la Grèce et 279 depuis l'Italie. Seuls 15 Etats membres se sont proposés, soit un peu plus de 2.000 places rendues disponibles, regrette Bruxelles.

La Grèce a amélioré ses capacités d'enregistrement et ses infrastructures pour loger et transférer les migrants, même si plus de 12.300 places manquent encore sur les 50.000 promises par Athènes en octobre, note cependant la Commission.

Début février, Bruxelles avait déjà critiqué Athènes pour les défaillances à sa frontière avec la Turquie, qui est la frontière extérieure de l'UE.

Un seul hotspot opérationnel

En janvier, près de 8 migrants sur 10 avaient leurs empreintes enregistrées à leur arrivée, contre moins d'un sur 10 en septembre. Seul un centre d'enregistrement ("hotspot") sur les cinq prévus est opérationnel mais une fois en place, ils doivent pouvoir enregistrer jusqu'à 11.000 personnes par jour, soit plus que la moyenne quotidienne enregistrée en janvier, observe le rapport.

En Italie, la lenteur du processus de relocalisation est liée au faible nombre de migrants éligibles à l'asile, est-il précisé.

La Commission européenne a par ailleurs proposé de suspendre pendant un an 30% des relocalisations prévues en Autriche, en raison de l'afflux de migrants dans ce pays.

L'institution attend encore beaucoup de la Turquie, qu'elle considère comme un partenaire clé pour endiguer les flux de nouveaux migrants.

"Si la Turquie ne s'engage pas (...), il sera très difficile de gérer la situation. La Turquie, si elle le veut vraiment, peut faire son travail sur le terrain: combattre les passeurs et endiguer les flux", a estimé M. Avramopoulos.