Fil d'Ariane
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui ne cesse de répéter l'appartenance de son pays à la "famille européenne", poursuivait ce 23 juin son "marathon téléphonique" auprès des dirigeants européens pour s'assurer du consensus en faveur du oui.
Il peut compter sur le soutien de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a appelé les dirigeants européens à "se montrer à la hauteur" en accédant à la demande de Kiev.
Ce scénario, inimaginable encore récemment, s'est imposé aux Vingt-Sept avec la guerre menée par la Russie depuis près de quatre mois. Mais le processus d'adhésion à l'UE reste ensuite très long pour tout pays candidat.
Bloqués depuis des années dans l'antichambre de l'UE, les pays des Balkans occidentaux déjà candidats à l'adhésion n'ont pas caché leur amertume en le rappelant ce 23 juin.
S'il estime "c'est une bonne chose de donner le statut" à l'Ukraine, le Premier ministre albanais, Edi Rama, a conseillé aux Ukrainiens de ne "pas se faire d'illusions".
"La Macédoine du Nord est candidate depuis 17 ans, si je n'ai pas perdu le compte, et l'Albanie depuis huit ans, alors bienvenue à l'Ukraine", a-t-il ironisé à son arrivée à Bruxelles.
La conférence de presse prévue à l'issue d'une réunion entre les dirigeants de l'Union européenne et leurs homologues des six pays candidats des Balkans occidentaux organisée avant un sommet européen a Bruxelles a été annulée sans explications.
Les blocages pour l'ouverture des négociations sont sérieux. La Bulgarie oppose son véto aux négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord pour des raisons de contentieux historiques et culturels.
"La position bulgare reste inchangée jusqu'à ce que le parlement bulgare prenne une décision", a annoncé Kiril Petkov, renversé ce 22 juin par une motion de censure votée par le Parlement.
Par contrecoup, Sofia bloque également les négociations avec l'Albanie, dont la candidature est liée à celle de la Macédoine du Nord.
"Il est honteux qu'un pays de l'Otan, la Bulgarie, kidnappe deux autres pays de l'Otan, l'Albanie et la Macédoine du Nord, en pleine guerre dans l'arrière-cour de l'Europe, et que 26 autres pays restent assis et offrent un spectacle effrayant d'impuissance", s'est insurgé le Premier ministre albanais Edi Rama.
Les contentieux entre la Serbie et le Kosovo bloquent pour leur part les aspirations de Belgrade. Aleksandar Vucic a été catégorique : pas question de reconnaître le Kosovo.
La présidente du Kosovo Vjosa Osmani-Sadriu a mis en garde l'UE contre tout espace laissé à l'influence "d'autres acteurs" car "il est évident qu'ils l'utiliseront".
Parmi les options à l'étude pour "remettre de l'énergie" dans le processus figurent une libéralisation des visas pour le Kosovo, un découplage des candidatures de l'Albanie et de la Macédoine du Nord et l'octroi du statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine dans les mêmes conditions que pour l'Ukraine et la Moldavie. Mais elles ne font pas consensus entre les Vingt-Sept, a indiqué une source diplomatique.
"Le choix de donner le statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie est un geste politique très fort, mais les conditions pour ouvrir les négociations sont exigeantes et la décision nécessite l'unanimité", a rappelé le représentant d'un État membre.
Les dirigeants européens devaient débattre jeudi de la proposition de créer une "Communauté politique européenne" lancée par le président français Emmanuel Macron et soutenue par Charles Michel, pour permettre de préparer les candidats à l'intégration.
Ceux-ci seront neuf avec l'Ukraine et la Moldavie, et il ne faut pas oublier la Turquie qui attend aussi son tour, depuis 23 ans.