L'Ukraine lance une opération militaire d'ampleur contre l'aviation militaire russe

L'Ukraine mène dimanche une opération "d'ampleur" contre l'aviation militaire en Russie, et a notamment touché une base en Sibérie orientale à des milliers de kilomètres de ses frontières, a indiqué une source au sein des services de sécurités ukrainiens (SBU).

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Sur cette photo, tirée d'une vidéo prise sur le site officiel du ministère russe de la Défense le lundi 15 janvier 2018, un missile balistique intercontinental russe embarqué sur camion participe à des exercices militaires en Russie.

Sur cette photo, tirée d'une vidéo prise sur le site officiel du ministère russe de la Défense le lundi 15 janvier 2018, un missile balistique intercontinental russe embarqué sur camion participe à des exercices militaires en Russie. 

(Photo AP/Service de presse du ministère russe de la Défense)
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Ces attaques se produisent alors que des délégations russe et ukrainienne sont attendues à Istanbul lundi pour un nouveau cycle de négociations, plus de trois ans après le début de l'invasion russe.

L'une des bases militaires qui aurait été touchée par l'Ukraine est l'aérodrome de Belaïa, dans la région d'Irkoutsk en Sibérie orientale, à environ 4.300 kilomètres de l'Ukraine. Les autorités locales russes ont confirmé une frappe de drones dans la zone, sans évoquer cette base.

Il s'agirait de la première attaque aussi loin du front.

L'Ukraine envoie régulièrement des drones en Russie, en réponse aux attaques aériennes russes quasi-quotidiennes contre son territoire, mais il est rare qu'ils parviennent à frapper à une telle distance.

Une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) a indiqué qu'il s'agissait d'une "opération spéciale d'ampleur", préparée de longue date et visant quatre aérodromes militaires à travers la Russie.

Cette source a affirmé que 41 appareils russes avaient été endommagés, assurant qu'ils étaient utilisés pour frapper des villes ukrainiennes.

Elle a joint une vidéo censée montrer la base de Belaïa, dans laquelle on peut voir plusieurs appareils en flammes, des panaches de fumée noire s'en élevant.

L'AFP n'est pas en mesure de vérifier ces affirmations de façon indépendante, mais des attaques ont été évoquées par les autorités russes.

Le gouverneur de la région d'Irkoutsk, Igor Kobzev, a néanmoins évoqué dimanche une "attaque de drones" contre le village de Sredniï, juste à côté de la base de Belaïa.

"C'est la première attaque de ce type en Sibérie", a-t-il dit, appelant la population à ne pas "céder à la panique".

Il a publié une vidéo, semblant avoir été enregistrée par des habitants, montrant un drone dans le ciel et un important nuage de fumée grise au loin.

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La source ukrainienne a affirmé que l'attaque avait visé l'aérodrome d'Olenia, situé dans la région de Mourmansk, dans l'Arctique russe, à près de 1.900 kilomètres de l'Ukraine.

Le gouverneur de la région de Mourmansk, Andreï Tchibis, a affirmé que des "drones ennemis" se trouvaient dans le ciel et que la défense antiaérienne fonctionnait.

Veille de négociations à Istanbul

Cette opération arrive à la veille de négociations attendues entre Russie et Ukraine en Turquie, proposées par Moscou.

Après avoir laissé planer le doute sur la participation ukrainienne, le président Volodymyr Zelensky a finalement annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi.

Les priorités de l'Ukraine sont d'obtenir "un cessez-le-feu complet et inconditionnel", ainsi que le "retour des prisonniers" et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d'avoir enlevés, a-t-il ajouté.

Les délégations russe et ukrainienne ont déjà tenu des pourparlers à Istanbul le 16 mai, afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l'invasion russe de février 2022.

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Mais le rendez-vous avait été peu fructueux, les deux pays ne s'accordant que sur un échange de prisonniers.

Malgré les efforts diplomatiques, les positions de l'Ukraine et de la Russie restent inconciliables.

La Russie exige notamment que l'Ukraine renonce définitivement à rejoindre l'Otan et lui cède les cinq régions dont elle revendique l'annexion.

Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui exige en retour un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire.

Moscou refuse en outre le cessez-le-feu inconditionnel demandé par Kiev, Washington et les Européens.

Volodymyr Zelensky a aussi appelé dimanche à "préparer une réunion au plus haut niveau", c'est-à-dire avec le président russe Vladimir Poutine.

Il a déjà proposé à Vladimir Poutine une rencontre, mais le maître du Kremlin n'a pas donné suite.

L'armée ukrainienne a en outre annoncé que 12 de ses soldats avaient été tués et plus de 60 blessés par une frappe russe sur un terrain d'entraînement.

L'armée ukrainienne est en position difficile sur le front, face à des troupes russes mieux armées et plus nombreuses.

Dimanche, le ministère russe de la Défense a encore revendiqué la prise d'un petit village de la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine.

L'Ukraine craint une nouvelle offensive dans cette région.