Fil d'Ariane
L'Ukraine et l'Union européenne ont tenu leur premier sommet ce 27 avril 2015. Cette rencontre doit avoir lieu une fois par an, selon l'accord d'association signé en juin 2014. Ratifié en septembre 2014 par les parlements ukrainien et européen, celui-ci doit entrer en vigueur le 1er janvier 2016.
Coïncidence de calendrier, peu après cette ratification par son Parlement, le président ukrainien Petro Porochenko promulguait une loi sur la sécurité sanitaire des produits agroalimentaires (loi 1602-VII). Celle-ci doit permettre d'harmoniser la législation ukrainienne avec celle qui est en vigueur au sein de l'Union européenne. Parmi ses dispositions, l’adoption des principes européens en matière de régulation des organismes génétiquement modifiés (OGM).
Jusque là, la culture de semences OGM était interdite dans le pays, doté de très bonnes terres arables - on l'appelait le grenier de la Russie -, et exportateur de céréales de premier plan (3e exportateur mondial de maïs en 2013/2014, 4e d'orge et 6e de blé).
Début novembre 2013, à peine trois semaines avant que la révolution ne s'installe place Maïdan, un amendement à cette loi, préparé par six organisations agricoles ukrainiennes (lien en anglais), allait déjà en ce sens. L'argument de ses auteurs ? « Des semences de maïs et de soja transgéniques sont déjà utilisées dans le pays, en dépit de leur interdiction par la loi. »
Cette question des OGM se retrouve - de manière discrète - dans l'accord d'association. L'un de ses articles, le numéro 404, a été mis en lumière à l'été 2014 par une étude de l'institut Oakland (lien en anglais), un think tank américain travaillant notamment sur les questions environnementales. Placé dans le 17e chapitre de l'accord (lien en anglais) consacré à l'agriculture et au développement rural, l'article préconise entre autres de « promouvoir une production agricole moderne et durable (…) incluant le développement de l'usage de méthodes de production biologiques, mais aussi l'usage de biotechnologies. » Autrement dit, d'OGM. L'article suivant indique un rapprochement entre les législations en vigueur chez les deux parties de l'accord.
La culture d'OGM se ferait dans les mêmes proportions qu'en Union européenne Christophe Noisette, d'Inf'OGM
Selon Christophe Noisette, rédacteur en chef d'Inf'OGM, un média associatif de veille sur la question des organismes génétiquement modifiés, la culture d'OGM en Ukraine « se ferait dans les mêmes proportions qu'en Union européenne » : le but étant de commercer entre Ukraine et Union européenne, le pays n'aurait pas d'intérêt à cultiver des espèces interdites chez sa voisine.
Pour rappel, la Commission européenne a annoncé le 24 avril dernier avoir autorisé la culture de 17 OGM dédiés à l'alimentation humaine ou animale (dont dix nouvelles autorisations et sept renouvellements).