L'Union Africaine s'oppose à la Cour Pénale Internationale

Réunie ce 12 octobre en session extraordinaire, l'Union Africaine a pu exprimer sont mécontentement vis à vis de la Cour Pénale Internationale. Selon ses recommandations, le Président Uhuru Kenyatta ne devrait pas se rendre à la Haye où son procès doit s'ouvrir bientôt.
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L'Union Africaine s'oppose à la Cour Pénale Internationale
Addis Abeba, le 12 octobre 2013
AFP
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"Un syndicat de chefs d'Etats", c'est ainsi que certains esprits critiques avaient surnommé la défunte OUA, l'Organisation de l'unité africaine, que l'UA est venu remplacer en 2002. Et c'est ce sobriquet qui revient à l'esprit au vu du coup de sang qui a saisi les Présidents et Premiers ministres du continent. Un sommet extraordinaire de l'Union Africaine a été convoqué ce samedi à Addis Abeba pour riposter à ce que ses membres estiment être une persécution. En mai dernier, le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn n'avait pas hésité à évoquer une "chasse raciale". Seuls des Africains ont jusqu'ici été inculpés ou condamnés à La Haye. Le sommet de samedi a décidé de demander au Conseil de Sécurité de l'ONU un ajournement des poursuites en cours contre les dirigeants en exercice. Une possibilité prévue dans le Statut de Rome, fondateur de la CPI. En attendant les résultats de cette démarche, Uhuru Kenyatta, le président kényan, ne devrait pas se rendre à l'ouverture de son procès à La Haye, prévue le 12 novembre prochain. La situation personnelle du président et vice-président kényan a mis le feu aux poudres. Uhuru Kenyatta et William Ruto sont poursuivis pour crimes contre l'humanité par la CPI depuis 2011. Les deux hommes sont accusés d'avoir orchestrées des violences ethniques après la présidentielle de 2007, chacun dans des camps opposés toutefois. Ces violences avaient fait plus de 1000 morts et des centaines de milliers de déplacés. Peut-être inquiets de ces procédures judiciaires, les deux hommes ont finalement conclu une alliance pour se faire élire à la Présidentielle de 2013. Ils peuvent donc maintenant chercher, et obtenir, un soutien de leurs pairs. La Cour Pénale Internationale "n'est plus le lieu de la justice mais le jouet des pouvoirs impérialistes en déclin" a préféré analyser Uhuru Kenyatta à la tribune de l'UA. "Cette cour agit sur demande des gouvernements européens et américain, contre la souveraineté des États et peuples africains. (...) des gens ont qualifié cette situation de chasse raciale, j'ai de grandes difficultés a être en désaccord". Le président kényan a mis en cause les États-Unis et la Grande-Bretagne, ancien pays colonisateur, même si, depuis l'indépendance, le Kenya est resté un proche allié du camp occidental en général et des États-Unis en particulier. Une autre personnalité pourrait bénéficier de ce raidissement de l'Union Africaine : Omar el-Béchir, le président soudanais. Il fait l'objet d'un mandat d’arrêt international depuis 2009. La CPI le soupconne d'exactions dans la région du Darfour. Mais le Soudan a toujours refusé de coopérer et le président a pu se déplacer dans de nombreux pays africains sans craindre une arrestation. Il a du néanmoins renoncer à certains voyages, ainsi en septembre dernier, à l'assemblée générale des Nations Unies à New-York. Depuis sa création, la CPI a inculpé une trentaine de personnes pour des crimes survenus dans huit pays d'Afrique, parfois à la demande des gouvernements eux-mêmes. 34 pays africains ont ratifié le Statut de Rome.

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par Laure de Matos
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