C'est une question embarrassante pour les services publics mis en cause, mais surtout un peu cruelle pour l'Europe. Qui diffusera le 15 mai prochain le débat au sommet organisé à Bruxelles entre les représentants des cinq grandes listes des élections européennes dont l'un présidera demain la Commission ? En France où le sujet fait l'objet d'une polémique amère, seule la petite chaîne privée d'information continue
iTéle (groupe
Canal +) s'est portée candidate en plus du canal parlementaire
Public-Sénat (
Tv5monde le retransmettra aussi sur son antenne et sur ce site … mais c'est un média international, de même qu'
Euronews qui a diffusé le premier débat en direct – et en anglais - de Maastricht).
Les grandes chaînes s'y refusent y compris celles, publiques, de
France-Télévision (
France 2 et
France 3), en dépit des pressions multiples, dont celle du Conseil supérieur de l'audiovisuel. «
France Télévision ne doit pas censurer le débat européen » protestent dans un texte commun une trentaine de candidats de diverses tendances, parmi lesquels plusieurs têtes de listes. Réunissant près de 10000 signatures, une pétition initiée par un
collectif proche du
Parti socialiste et intitulée «
sauvons l'Europe » s'émeut : «
Qui en veut à l'Union européenne ?». «
Alors que 50 % de nos lois proviennent de ce grand ensemble (...), la télévision française se regarde le nombril », s'indignent-ils. «
France Télévisions ne se sera jamais autant mobilisé pour des Européennes », proteste son patron Rémy Pflimlin, faisant valoir les multiples émissions consacrées au sujet sur
France 2 et
3 (1). Pour française qu'elle soit, la querelle dépasse d'une certaine façon l’hexagone. Le débat au sommet du 15 mai - qui concerne 820 millions d'Européens - peine également à trouver preneur auprès des grandes télévisions du reste de l'Union, publiques ou commerciales. Et sauf à qualifier tous les diffuseurs dédaignant l'événement de masochistes, ce jeu de mistigri continental exprime une réalité : le sujet des élections européennes n'est, dans l'ensemble, pas le plus populaire qui soit comme le confirme, à peu près partout, la faible participation prévisible aux scrutins. Il y a, bien sûr, des nuances. L’atmosphère des différentes campagnes électorales reflète les enjeux et perceptions respectives.