Macron débarque au Japon, deux jours avant le G20

Le président français Emmanuel Macron est arrivé mercredi 26 juin à Tokyo. Cette première visite au Japon, au-delà des tensions entre Nissan et Renault, est tournée vers les dossiers chauds du G20 de la fin de la semaine à Osaka. Emmanuel Macron a annoncé lundi qu'il rencontrerait "en aparté" Donald Trump pour évoquer le dossier iranien.
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Emmanuel Macron lors d'une conférence à Bruxelles, Belgique, le 21 juin 2019.
© AP / Riccardo Pareggiani
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Les tensions grandissantes entre les Etats-Unis et l'Iran et le bras de fer commercial entre Washington et Pékin inquiètent autant Paris que Tokyo qui essaient, dans ces deux crises, de se poser en médiateurs.

Ces sujets seront au menu des entretiens entre Emmanuel Macron et le Premier ministre nippon Shinzo Abe dans l'après-midi, avant un dîner avec leurs épouses dans un quartier branché de la capitale japonaise.

Auparavant, Emmanuel Macron rencontrera une partie de la communauté française installée au Japon, active aussi bien dans l'industrie que dans la gastronomie ou la mode.

Pour certains de ces Français, le principal sujet de préoccupation est l'avenir de l'alliance entre Renault et Nissan, qui symbolise depuis 20 ans la coopération industrielle entre les deux pays.

Discrétion sur Ghosn

Le président français, qui est accompagné dans son voyage par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, devrait réaffirmer "l'attachement fort de la France à l'alliance" et "la volonté qu'elle puisse aller plus loin", selon l'Elysée.

L'Etat français, qui détient 15% du capital du constructeur au losange, assure de sa volonté d'être "un partenaire fiable et constant", et demande en contrepartie que Tokyo exprime son "expression la plus favorable possible à la poursuite de cette alliance".

Or, au cours d'une assemblée générale d'actionnaires tendue, le patron de Nissan Hiroto Saikawa a ouvert la porte mardi à une remise à plat. Il s'est dit disposé à explorer les différentes pistes avec le président de Renault, Jean-Dominique Senard, arrivé en début de semaine au Japon.

Emmanuel Macron devrait en revanche rester discret sur le cas personnel de l'ex-PDG Carlos Ghosn qui, accusé de malversations financières, est assigné à résidence à Tokyo dans l'attente de son procès.

L'avocat français du magnat déchu, François Zimeray, a adressé mardi une lettre au président lui demandant de rappeler les valeurs de la France dans cette affaire. "S'il n'appartient pas à l'Etat de prendre parti pour un homme, il doit défendre les principes fondamentaux dans lesquels la France se reconnaît et, lorsqu'il le faut, en dénoncer avec force la violation", écrit-il, en regrettant notamment que Carlos Ghosn subisse selon lui "un régime d'exception" de la part de la justice japonaise.

Inquiétude face à la Chine

Avec M. Abe, Emmanuel Macron devrait signer un nouveau plan d'action à cinq ans destiné à faire progresser les coopérations dans les domaines économique, sécuritaire et culturel entre les deux pays, après celui signé par François Hollande en 2013.

Un accent particulier sera mis sur la coopération dans la zone indo-pacifique où le Japon comme la France, qui y possède plusieurs territoires ultra-marins, s'inquiètent des ambitions chinoises.

Paris "fait montre d'une participation active à la sécurité" dans cette région et voit Tokyo comme "un partenaire important", aux côtés de l'Australie et l'Inde, souligne le quotidien de droite Sankei Shimbun.

M. Macron tentera de présenter avec Shinzo Abe des positions communes au G20 et au G7, respectivement présidés par le Japon et la France cette année.

Sur l'Iran, ils veulent ainsi "éviter une escalade dangereuse", selon l'Elysée, entre Washington et Téhéran, où s'est récemment rendu le Premier ministre japonais, sans grand succès.

Emmanuel Macron s'est entretenu mardi au téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani et il entend "avoir d'autres échanges sur les questions du nucléaire iranien et des crises régionales" en marge du G20, a précisé l'Elysée.  

Jeudi, il aura l'honneur d'être le deuxième dirigeant étranger, après Donald Trump, à être reçu par le nouvel empereur Naruhito dans son palais.

Il passera ensuite quelques heures à Kyoto pour y visiter l'atelier d'un "trésor national vivant" du Japon, Kunihiko Moriguchi, peintre réputé de kimonos. Avant de dîner avec des architectes japonais.