Fil d'Ariane
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- Madagascar : l'inquiétant business des enlèvements...
Souvent commerçants, les "karanas" occupent une place de choix dans l'économie malgache et passent pour riches aux yeux des ravisseurs. Voici un an que ce père de famille vit l'enfer, depuis que son fils, Yanish, a été enlevé.
"Il ne savait plus du tout si c'était le jour où la nuit. Le seul moment où il savait que c'était le jour, c'est quand il sortait aux toilettes. C'était uniquement là où il y avait un brin de lumière, quoi... Pendant une semaine il a été cagoulé. Donc dans le noir total. Et puis la négociation a commencé, jusqu'au paiement d'une rançon," raconte Danil Ismaël, chef d'entreprise et père d'une victime d'enlèvement.
Les kidnappeurs menacent les victimes en cas de plainte ultérieure. Ils les menacent de mort.
Commandant Herilalatiana Andrianarisaona
La famille Ismaël appartient à la communauté karana de Madagascar, des descendants d'Indiens, pour beaucoup commerçants, aujourd'hui, et perçus comme riches dans un pays ou 90 % de la population vit avec moins de deux dollars par jour...
La communuté karana - environ 15 000 personne - est la première cible des enlèvements qui se multiplient ces dernières années sur la Grande Ile.
"Deux personnes sont venues, et une qui était avec son pistolet. Le deuxième, il m'a poussé. Je suis tombé, et il y en a un qui est monté sur moi et m'a dit : où est l'argent ?" se souvient Thierry Rossanaly, commerçant.
Rien qu'en 2017, 14 cas ont été officiellement recencés. Il y a 8 mois, pressées de réagir, les autorités créent une unité spéciale de lutte contre les rapts. Mais elle reçoit très peu de plaintes. "C'est à cause de la peur. Nous avons entendu que les kidnappeurs menacent les victimes en cas de plainte ultérieure. Ils les menacent de mort," explique le commandant Herilalatiana Andrianarisaona, chef de service de la communication au sein de la Gendarmerie nationale.
Certaines victimes préfèrent quitter le pays plutôt que d'ébruiter ce qui leur est arrivé. Pour la première fois, l'an dernier, une vingtaine de personnes ont été condamnées à une peine très sévère - les travaux forcés à perpétuité - pour le rapt de deux adolescents karana.