Le scandale sur les malfaçons de Kobe Steel s'étend. Au lieu des 200 entreprises évoquées au début, le sidérurgiste japonais admet avoir livré des produits en aluminium et en cuivre ne respectant pas les spécifications demandées à quelque 500 sociétés, désormais, dont une trentaine étrangères.
Au pays du soleil levant, l'image de dirigeants s'inclinant devient récurrente. Après l'exécutif d'Olympus et de Toshiba, c'est Hiroya Kawasaki, le président de Kobe Steel, qui s'est prêté à la tradition du mea culpa devant les caméras des journalistes.
Dans un premier temps, le troisième plus grand sidérurgiste japonais a admis de nombreuses falsifications de spécifications dans ses usines, lesquelles avaient touché plus de 200 clients. Désormais, Kobe Steel évoque plutôt 500 entreprises internationales.
500 entreprises touchées
Parmi les groupes affectés, six constructeurs automobiles japonais ont été destinataires de produits en aluminium ou en cuivre aux caractéristiques techniques falsifiées, selon le quotidien japonais
Nikkei.
Outre le numéro un nippon du secteur, Toyota, qui a déjà annoncé avoir effectivement utilisé de l'aluminium de Kobe Steel dans des véhicules fabriqués dans l'une de ses usines au Japon, Nissan, Honda, Mitsubishi Motors, Subaru et Mazda seraient aussi concernés.
Ailleurs, Renault, Ford, Huyndai, Daimler et General Motors figurent parmi les noms cités dans les médias, ainsi que l'équipementier français Valéo.
Côté aéronautique, Boeing serait également touché, alors qu'Airbus mène l'enquête auprès de ses fournisseurs. Quant aux trains, certains composants de ceux de la Japan Railways n'auraient pas tous franchis les contrôles qualité.
Le motoriste britannique Rolls Royce, le conglomérat américain General Electric et son compatriote fabricant de micro-processeurs Intel sont aussi mentionnés.
Le "Made in Japan" terni
Le groupe fondé en 1905 est en outre encore incapable de préciser l'impact éventuel en termes de sécurité, se bornant à dire qu'aucun incident n'a été rapporté à ce jour et qu'il travaille sur ce point avec ses clients.
Il a en revanche reconnu vendredi que des "
problèmes relatifs aux données de produits appelés fils d'acier, généralement utilisés dans les moteurs et pneus" avaient également été détectés, ce qui allonge la liste.
Jusqu'à présent, Kobe Steel avait surtout parlé d'aluminium, de cuivre, de pièces utilisées pour la fabrication des DVD et d'une petite quantité de poudre de fer.
Le groupe a mandaté un cabinet juridique externe pour faire toute la lumière sur ces mauvaises pratiques.
Mais en somme, c'est le management à la nippone et le "
made in Japan" qui en prennent un coup. Chaque nouveau scandale dans l'archipel est révélateur des failles de cette gouvernance particulière faite de cadres dévoués et de pression extrême. A tel point que soumission et dissimulation font partie intégrante du "
process" afin de ne pas déséquilibrer l'unité de la société, selon une source fiable qui rappelle que
"l'Asie est le continent où les apparences sont cruciales et 'perdre la face', un déshonneur absolu".
Reste que, face à une affaire qui prend de l'ampleur au fil des jours, la défiance des actionnaires s'accentue. L'action a dévissé de quelque 40% en une semaine à la Bourse de Tokyo.
Le scandale Kobe Steel intervient après une série d'affaires similaires au Japon : les plus retentissantes concernent Olympus et Toshiba (fasifications de comptes sur plusieurs années), Takata (camouflage de défauts d'airbags ayant entraîné la faillite de l'entreprise) ou encore Nissan qui a été forcé récemment d'annoncer le rappel de 1,2 million de véhicules au Japon parce que les contrôles finaux ont été effectués par des personnes non habilitées. Au final, beaucoup d'entreprises qui, en plus de
"perdre la face", ont également perdu beaucoup de salariés...
Chez Kobe Steel, le patron, Hiroya Kawasaki pourrait être le premier d'entre-eux.