Mali : une Suisse enlevée à Tombouctou

Une ressortissante suisse a été enlevée dans la nuit de jeudi à vendredi à Tombouctou dans le nord-ouest du Mali, où elle vivait depuis plusieurs années, et avait déjà été enlevée en 2012.
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des soldats de la gardes présidentielles dnas les rues de Bamako le 21 novembre 2015 après l'attaque contre l'hôtel Radisson. Le Mali a connu ses derniers mois plusieurs attaques ciblant des ressortissants étrangers. 
©AP Photo/Jerome Delay
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Il s'agit du premier enlèvement d'Occidental au Mali depuis celui des journalistes de la radio RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés par leurs ravisseurs le 2 novembre 2013 à Kidal (nord-est). "Jeudi (dans la) nuit, Béatrice, une ressortissante suisse a été enlevée chez elle à Tombouctou par des hommes armés", a déclaré à l'AFP un responsable du gouvernorat de Tombouctou.

"Des hommes armés sont venus chez Béatrice à Tombouctou. Ils étaient armés. Ils ont tapé, elle a ouvert et ils sont partis avec elle", a précisé une source de sécurité malienne.

Le ministère suisse des Affaires étrangères a confirmé dans un communiqué "avoir connaissance de l'enlèvement présumé d'une Suissesse au Mali", soulignant que pour des raisons de protection des données, il ne donnerait aucune information supplémentaire.

Cet enlèvement n'avait pas encore été revendiqué vendredi à la mi-journée.
Il survient après l'assassinat à la mi-décembre dans la même ville de trois personnes, dont un journaliste de la radio chrétienne "Tahanite" (pitié, en langue locale tamasheq) qui émet depuis Tombouctou.

Une source de sécurité malienne avait alors parlé d'"un lâche assassinat perpétré par ceux qui veulent créer la guerre des religions", en référence à la confession catholique de deux des victimes.

Béatrice Stockly vivait à Tombouctou, où elle avait déjà été enlevée en avril 2012 par des jihadistes, puis libérée peu après grâce à une médiation du Burkina Faso. Elle avait été relâchée par le groupe islamiste Ansar Dine, du Touareg malien Iyad Ag Ghaly, qui contrôlait alors la ville. Mme Stockly avait alors refusé de quitter la cité historique baptisée "la perle du désert".

La libération de cette femme qui revendique sa foi chrétienne, très impliquée dans les actions sociales, était intervenue au bout d'une dizaine de jours contre le paiement d'une rançon, avaient affirmé à l'AFP plusieurs sources de sécurité.

Un médiateur burkinabè et un responsable du groupe Ansar Dine avaient démenti tout versement de rançon.

Etat d'urgence

Des nombreux étrangers enlevés ces dernières années au Mali par des groupes jihadistes, seuls deux restent officiellement en captivité : un Sud-africain et un Suédois, retenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis leur rapt à Tombouctou en 2011.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, dont Aqmi et Ansar Dine, après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.

Ces groupes y ont été dispersés et en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de Paris, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix entre le gouvernement malien, les groupes qui le soutiennent et l'ex-rébellion de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA).

Le pays est d'ailleurs sous état d'urgence jusqu'au 31 mars, une mesure prise pour dix jours à la suite de l'attentat jihadiste contre un grand hôtel de Bamako le 20 novembre (20 morts, dont 14 étrangers, outre les deux assaillants), puis reconduite le 22 décembre à titre préventif.

Dans son rapport sur le Mali en décembre, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est félicité de récentes avancées dans l'application de l'accord de paix mais a déploré une "intensification des activités des groupes extrémistes et des réseaux de criminalité organisée, en particulier dans les régions de Mopti, de Ségou (centre) et de Tombouctou et à Bamako".

"Les actes de banditisme armé constituent la plus grande menace pour les civils, et plus de 75 % des incidents de ce type se produisent dans les régions de Gao et de Tombouctou. Ces actes semblent être pour la plupart des vols à motif économique", a précisé M. Ban devant le Conseil de sécurité.