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« Vous tuez le messager. Mais vous ne tuerez pas le message », écrit le journaliste français Laurent Richard, dans une tribune publiée dans le quotidien britannique The Guardian, ce 16 avril 2018.
Ses mots résument la démarche dont il est à l’origine : « Forbidden stories », un réseau de 45 journalistes de quinze pays « prêts à prendre le relais dès qu’un journaliste est emprisonné ou assassiné. L’idée est d’assurer la survie des histoires », décrit Laurent Richard toujours dans cette tribune.
Les journalistes de 18 médias dans le monde ont ainsi mené pendant cinq mois le « projet Daphne » afin de poursuivre tout le travail d’enquête réalisé par la journaliste de 53 ans, Daphné Caruana Galizia, pendant 30 ans et qui lui a certainement coûté la vie. Ils ont aussi pu, eux-mêmes enquêter sur les circonstances de sa mort.
Le 16 octobre 2018, Daphné Caruana Galizia est tuée dans l’explosion de sa voiture alors qu’elle quitte son domicile. L’enquête sur son assassinat est toujours en cours. Trois hommes soupçonnés d’avoir fabriqué la bombe qui a tué la journaliste, ont plaidé non coupables le 5 décembre dernier. Les enquêteurs privilégient la piste criminelle et non la conspiration politique. Les noms de potentiels commanditaires restent un mystère.
A lire : Daphne Caruana Galizia, femme, journaliste, assassinée pour son combat anti-corruption
Leur travail est publié, depuis mardi 17 avril, dans chacun de leur média comme Le Monde, Reuters, The Guardian, Die Zeit, Radio France, The New York Times, Times Mata… pour « veiller à ce qu'un maximum de personnes aient accès à des informations non censurées sur des sujets aussi cruciaux que l'environnement, la santé, les droits de l'homme ou la corruption », peut-on lire sur leur site internet.
Une manière de montrer à ceux qui veulent faire taire la presse, que leurs menaces ou leurs agissements sont vains. Les informations sortiront envers et contre tous.
Ce projet « Forbiddent stories » a été lancé, notamment, par le journaliste d’investigation français Laurent Richard, fondateur du Freedom Voices Network, une organisation de journalisme à but non lucratif.
Tout a commencé après les attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Laurent Richard travaille pour la boîte de production française Premières lignes, qui se trouve dans les mêmes locaux que le journal satirique. Il arrive quelques minutes après l’attaque d’Al Qaida qui décime la rédaction de ses confrères. « J'étais confronté à l'horreur de voir des collègues se taire soudainement, immobiles, morts », raconte dans The Guardian, Laurent Richard.
Un choc pour celui qui a pourtant travaillé sur des terrains de guerre comme en Irak ou au Cachemire. Une tragédie qui l’a convaincu qu’il était « nécessaire d’apporter une réponse journalistique à des rimes perpétrés contre la presse ». Une manière de lutter aussi contre la censure.
La démarche journalistique de « Forbidden stories » fait écho au travail de 38 journalistes américains qui ont poursuivi l’enquête sur la corruption foncière entamée par leur confrère Don Bolles, tué en 1976 à Phoenix, dans l’explosion d’une voiture, lui aussi.