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Taïwan et les États-Unis ont dénoncé ces manœuvres et ont appelé à la "retenue" tout en déployant un destroyer dans des eaux revendiquées par Pékin. Taïwan affirme que douze navires de guerre et jusqu'à 91 aéronefs ont été déployés, sans compter le porte-avion chinois Shandong.
Le Shandong est l'un des deux porte-avions de la Chine, le seul à avoir été entièrement construit dans le pays. Il a été mis en service en décembre 2019.
Selon des communiqués publiés lundi par l'armée, c'est la première fois que le Shandong participe à des essais militaires incluant l'encerclement de Taïwan.
La Chine a également déployé destroyers et frégates en direction de Taïwan, le ministère taïwanais de la Défense disant ce matin avoir détecté onze navires chinois autour de l'île.
L'arsenal comprend des destroyers 052C et des frégates 054A.
Le modèle 054A est destiné au combat antiaérien et est équipé de missiles surface-air à moyenne portée HQ-16 capables de frapper des cibles aériennes à 50 kilomètres de distance, selon Naval Technology, une revue spécialisée dans la défense.
Débutées le 8 avril, les manœuvres chinoises visaient à protester contre une rencontre de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen avec le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy.
Le Kremlin a apporté son soutien à la Chine estimant que Pékin était victime de "provocations" de la part des États-Unis qui soutiennent l'île."La Chine a le droit souverain de réagir (aux) actions provocatrices" des États-Unis, "notamment en conduisant des manœuvres", a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
"L'indépendance de Taïwan et la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan s'excluent mutuellement", a déclaré Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères lors d'un briefing régulier, jugeant nécessaire de s'"opposer fermement à toute forme de séparatisme pour l'indépendance de Taïwan".
Lors des manœuvres, des avions de chasse et des navires de guerre ont simulé des bombardements ciblés contre l'île. Objectif ? Simuler un "bouclage" du territoire de 23 millions d'habitants réclamé par Pékin, a expliqué l'armée chinoise. Et notamment un "blocus aérien", selon la télévision d'État CCTV.
Pékin a déployé des dizaines d'avions dans l'espace aérien autour de Taïwan dont des avions de chasse J-16 et J-10C.
Les jets J-16, des modèles de pointe conçus par la Shenyang Aircraft Corporation, sont capables de transporter des missiles de combat à courte portée ainsi que des missiles air-air à longue portée, selon le quotidien d'Etat Global Times.
Ils ont déjà été utilisés par le passé lors d'incursions chinoises dans la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan. Les jets J-16 sont les avions de chasse privilégiés par Pékin pour tester la défense anti-aérienne de l'île, avancent les experts.
L'opération déclenchée ce weekend inclut aussi des avions d'alerte précoce et de surveillance KJ-500, qui disposent d'une couverture radar à 360 degrés, selon la société Janes spécialisée dans le renseignement.
Les médias d'Etat ont également signalé le déploiement d'avions Y-8, permettant la détection de sous-marins, un modèle déjà utilisé en patrouille dans la mer de Chine orientale.
L'armée de Terre chinoise a aussi été mobilisée pour cette opération avec des missiles YJ-12B ciblant les navires dans des tirs simulés contre Taïwan.
Il y a peu d'informations disponibles sur ce modèle, une version terrestre du missile supersonique YJ-12 qui a une portée de 460 kilomètres et peut transporter à la fois des ogives nucléaires et conventionnelles, selon Missile Defense Advocacy Alliance, un organisme basé aux États-Unis.
Les missiles balistiques DF-11 et DF-15, conventionnels et de courte portée, ont aussi été mobilisés dans ces exercices.
Les deux modèles sont utilisés depuis des décennies, le DF-15, plus récent, étant capable de "frapper Taïwan, la péninsule coréenne et le nord de l'Inde depuis la Chine continentale", selon le Centre d'études stratégiques et internationales à Washington.
Les forces armées chinoises ont "simulé des tirs de précision conjoints" sur Taïwan au cours du week-end, selon la télévision d'Etat CCTV.
Le Japon a fait décoller ces derniers jours des avions de chasse en réponse à ceux ayant décollé et atterri du porte-avion chinois Shandong.
L'état-major japonais déclare ce 10 avril dans un communiqué avoir observé le Shandong et plusieurs autres bâtiments de guerre chinois dans une zone située entre 230 et 430 km au sud de l'île japonaise de Miyako depuis le 7 avril.
"Environ 120 décollages et atterrissages" ont été confirmés sur le porte-avions Shandong, dont 80 d'avions de combat et 40 d'hélicoptères, selon l'état-major nippon.
Deux groupes d'escorte des forces japonaises ont été mobilisés pour cette mission de surveillance et "des avions de chasse de la force d'autodéfense aérienne ont été déployés" en réponse à l'intense activité des avions de combat chinois, a précisé l'état-major japonais.
Sur une vidéo publiée ce 10 avril sur le compte WeChat du commandement du théâtre d'opérations Est de l'Armée, un pilote chinois dit être "arrivé près de la partie nord de l'île de Taïwan" avec des missiles "verrouillés en place".
Dans une autre vidéo, accompagnée d'une musique dramatique, le coup de sifflet d'un officier fait courir le personnel militaire en position tandis qu'un barrage simulé sur Taïwan apparaît à l'écran.
La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis qui, malgré l'absence de relations officielles, fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.
Les exercices à tirs réels ce 10 avril étaient prévus dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (est), la province qui fait face à l'île, selon les autorités maritimes chinoises locales.
Les manœuvres "servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant l'indépendance de Taïwan et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices", a averti un porte-parole de l'armée chinoise, Shi Yi.
Le dernier déploiement important autour de l'île avait eu lieu en août : la Chine avait engagé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan et tiré des missiles en réponse à une visite sur l'île de la démocrate Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre.