Maroc : le procès du journaliste Omar Radi renvoyé le jour même de son ouverture
Le journaliste marocain Omar Radi devait être entendu, mardi 6 avril à Casablanca, pour répondre d’accusations de viol et d’espionnage qu’il a toujours niées. Son procès a été renvoyé au 27 avril. Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International et Human Rights Watch (HWR), ont appelé les autorités marocaines à accorder au journaliste "la liberté provisoire".
Le journaliste Omar Radi se trouve en détention préventive depuis fin juillet pour des accusations de "viol" et d'espionnage. Ce journaliste de 34 ans, connu pour son engagement pour la défense des droits humains, est accusé à la fois de "financements étrangers", d'"atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat" et de "viol" dans deux affaires jugées conjointement par la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca.
Omar Radi a toujours nié les faits reprochés, se disant victime d'une "vengeance" du pouvoir. Lors de l'audience, ses défenseurs ont demandé à ce qu'il soit remis en liberté provisoire et soit autorisé à accéder à son dossier. La justice, qui a jusqu'à présent refusé toutes ses demandes de remise en liberté, doit se prononcer jeudi prochain sur ces deux points.
L'enquête pour viol a été ouverte en juillet 2020 sur plainte d'une de ses collègues. Si Omar Radi parle de "relations librement consenties", la plaignante affirme qu'elle n'était pas consentante et défend avec pugnacité son "droit à la dignité". Un autre journaliste, Imad Stitou, d'abord cité comme témoin à décharge, est jugé en même temps qu'Omar Radi, son ami, pour "participation au viol".
L'enquête pour "espionnage" concerne selon l'accusé des informations transmises dans le cadre de son métier de journaliste. Elle a été ouverte fin juin 2020 après la publication d'un rapport d'Amnesty International affirmant que son téléphone était espionné par les autorités marocaines via un logiciel de piratage. Rabat a toujours démenti, dénonçant une "campagne internationale de diffamation".
A la fin de l'année 2019, le 26 décembre, Omar Radi était déjà placé en détention provisoire, pour un tweet publié en avril critiquant le verdict d'un magistrat punissant de peines de vingt ans de prison des contestataires du mouvement Hirak qui avait agité le nord du Maroc en 2016 et 2017. Il avait été libéré en attente de son procès en mars 2020.
Lundi 5 avril, plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International et Human Rights Watch (HWR), ont appelé les autorités marocaines à accorder au journaliste "la liberté provisoire et à garantir un procès équitable pour toutes les parties", dans un communiqué.
Les soutiens du journaliste rappellent régulièrement que "plusieurs journalistes indépendants, militants et politiciens ont été arrêtés, jugés ou emprisonnés pour des accusations douteuses d'agressions sexuelles ces dernières années" au Maroc.
"Nous sommes choqués de voir que le monstre a des soutiens qui se drapent de l'habit des droits humains", a pour sa part écrit la plaignante sur sa page Facebook. Elle s'est expliquée au média marocain sur internet le.360 en août 2020.