Fil d'Ariane
Omar Radi, 33 ans, est convoqué chez un juge le 26 décembre pour un tweet publié neuf mois auparavant, en avril, dans lequel il fustigeait le verdict d'un magistrat contre des membres du "Hirak", un mouvement de contestation qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017. Un juge de la cour d’appel de Casablanca avait alors confirmé des peines allant jusqu’à vingt ans d’emprisonnement pour quarante-deux membres de l’organisation. M. Radi avait alors commenté sur Twitter :
Mais cette convocation s’est transformée en emprisonnement.
Son arrestation a suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et a été dénoncée par Reporters sans Frontières (RSF).
Dans une tribune lundi dans le journal Le Monde, un collectif de journalistes, intellectuels, penseurs et artistes a dénoncé son emprisonnement "pour un tweet dénonçant l'injustice de la justice", qui "met en lumière des manquements graves à la liberté de la presse et d'opinion au Maroc".
Omar Radi a collaboré avec plusieurs médias marocains et internationaux et publié des enquêtes remarquées sur l'économie de rente ou les collusions entre pouvoir et argent.
Plus récemment, il a couvert les nombreux mouvements de contestation ayant agité des régions marginalisées du royaume.
Human Rights Watch a critiqué samedi l'arrestation de M. Radi et dénoncé une "atmosphère de plus en plus suffocante pour les journalistes, dissidents et artistes marocains qui prennent la parole sur les réseaux sociaux".
En l'espace de quelques jours au Maroc, un youtubeur a été condamné à quatre ans de prison pour "offense au roi", un lycéen a écopé de trois ans de prison pour une publication sur Facebook et un militant a été placé en détention pour une publication sur les réseaux sociaux.
Un nouveau Code de la presse ne prévoyant plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016 au Maroc, mais les journalistes continuent d'être poursuivis selon le Code pénal, tout comme des internautes pour des écrits sur les réseaux sociaux.