Le plus ancien parti politique marocain, l'Istiqlal, a annoncé mercredi son "soutien total" aux revendications des manifestations qui secouent depuis sept mois le nord du Maroc et demandé la "libération immédiate" des leaders de la contestation.
Manifestation de soutien aux protestataires du Rif le 29 mai 2017, à Rabat. (AP Photo/Mosa'ab Elshamy)
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Parti historique de l'indépendance, l'Istiqlal (conservateur) a exprimé un "soutien total et inconditionnel aux revendications sociales et économiques" du "hirak" (la mouvance), mouvement qui revendique le développement de la région du Rif. Il demande "la libération des militants détenus et l'arrêt de leurs procès". Dans le nord du pays, la province d'al-Hoceïma est secouée depuis sept mois par un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif, région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée que les protestataires jugent "marginalisée".
Lourdes accusations
Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, et ses principaux meneurs ont été interpellés ces dix derniers jours après l'interruption par Zefzafi d'un prêche officiel dans une mosquée. Ils sont désormais accusés d'une longue liste de "crimes": notamment "complot", "propagande", "incitation contre l'intégrité du royaume", et "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat", ceci "à travers la perception de sommes d'argent" ou "en menant une attaque ayant pour but la dévastation, le massacre et le pillage dans plusieurs régions", selon le parquet. L'Istiqlal "s'étonne du traitement accordé par le gouvernement au +hirak+, lui lançant d'abord de lourdes accusations, puis qualifiant ses revendications de légitimes avant de dépêcher sur place une délégation ministérielle et enfin de lancer une vaste campagne d'arrestations". L'Istiqlal, parti nationaliste qui a longtemps dominé la vie politique marocaine avant d'entamer un lent déclin, compte actuellement 45 députés. Il ne participe pas au gouvernement de coalition mais continue à peser dans les débats.
Contestation pacifique
Cette prise de position intervient au lendemain d'un discours du ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit devant les députés. Il avait justifié la répression contre les leaders du "hirak" par la nécessité de "faire respecter la loi", alors que l'Etat est "mobilisé" selon lui pour répondre aux demandes des manifestants. Son intervention avait été contestée en séance par plusieurs députés, qui ont notamment souligné le caractère "pacifique" de la contestation. Ces derniers jours, plusieurs responsables du PJD islamiste, formation à laquelle appartient le Premier ministre du gouvernement de coalition, ont critiqué la gestion de la crise par le ministère de l'Intérieur, dénonçant les arrestations et disant soutenir les revendications des manifestants. L'extrême gauche (FGD, opposition) a apporté publiquement son soutien au "hirak" ainsi que les islamistes de Justice et bienfaisance (interdits mais tolérés).