Maroc : pourquoi les visites diplomatiques d'Israël se multiplient ?

Ces derniers mois, de nombreuses personnalités politiques israéliennes se rendent au Maroc. S’ensuivent des annonces de coopération bilatérale dans plusieurs domaines : militaire, judiciaire, … Comment expliquer cette agitation diplomatique ? Décryptage.
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Maroc Israël
Le ministre de la Défense israélien Benny Gantz accueilli au Maroc par le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita à Rabat, le 24 novembre 2021. 
Mosa'ab Elshamy/AP
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Des visites diplomatiques qui n’en finissent plus. Les 24 et 25 juillet, deux ministres israéliens sont attendus au Maroc. Il s’agit d’Issawi Frej, ministre de la coopération régionale, et du vice-Premier ministre et ministre de la Justice Gideon Saar. Ces déplacements interviennent dans le sillage de la première visite officielle d’un chef de l’armée israélienne. 

Selon le bureau de liaison d’Israël à Rabat, ces visites visent à donner un coup d’accélérateur à la normalisation entre les deux États. Un flux de plus en plus régulier de délégations israéliennes visite le royaume chérifien. La visite de Gideon Saar, axée sur la coopération juridique, est la première du genre depuis la reprise des relations entre les deux pays. Un accord de partenariat sera signé dans ce domaine.

Au mois de mai, la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh est morte en couvrant un raid israélien en Cisjordanie occupée. Sa mort suscite émotion et indignation dans les médias et sur les réseaux sociaux marocains. Pour cette raison, Issawi Frej est accompagné par une délégation de femmes journalistes juives et arabes israéliennes, dans le cadre d'un forum régional qu'il a créé. Le but de ce forum est de "renforcer la voix des femmes dans les médias", est-il précisé.
Dans un communiqué, il salue le Maroc comme "un modèle de cohabitation entre individus de diverses religions". Il explique s'y rendre pour "développer des initiatives communes dans le domaine de la culture, des communications, des sports".

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Une reprise des liens diplomatiques en 2020 

Dans le cadre des accords d’Abraham, un processus entre l’État hébreu et plusieurs pays arabes, soutenu par l’ancienne administration des États-Unis de Donald Trump, les deux pays rétablissent leurs relations en décembre 2020. Par le passé, les relations ont été rompues au début des années 2000 avec le soulèvement palestinien.
Depuis, les deux pays n’ont cessé de se rapprocher. Ainsi, pour la première fois, des observateurs militaires israéliens ont participé fin juin à l'exercice militaire "African Lion 2022", le plus large sur le continent africain, co-organisé par le Maroc et les États-Unis. 

Par ailleurs, à la fin du mois de mars, une délégation de hauts gradés israéliens avait effectué une visite discrète au Maroc, là encore une première, qui avait abouti à la signature d'un accord de coopération. Cet accord ouvrait la porte à la création d’une commission militaire mixte.
En novembre 2021, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, avait signé à Rabat un protocole d'accord qui encadre les relations sécuritaires avec le Maroc. Il prévoit notamment une coopération entre services de renseignement, le développement de liens industriels, l’achat d’armements et des entraînements conjoints.

Le Maroc et Israël viennent de consolider leur alliance stratégique et militaire, lors du déplacement du chef d’état-major de l’armée israélienne Aviv Kochavi. Cette visite était justifiée par des tensions sécuritaires régionales, entre le Maroc et l’Algérie, sur la question du territoire disputé du Sahara occidental. Au cours de son déplacement de trois jours, l’ancien chef du renseignement militaire a rencontré Abdellatif Loudiyi, ministre délégué chargé de la Défense, le lieutenant-général Belkheir Al-Farouq, inspecteur général des Forces royales marocaines (FAR) ainsi que des responsables militaires et sécuritaires, selon un porte-parole israélien.

Un rapprochement intéressé 

Dans un futur proche, le Maroc devrait inaugurer son ambassade à Tel-Aviv, selon le ministre israélien des Affaires étrangères cité par les médias israéliens. Cependant, cette idylle n’est pas anodine. La normalisation des relations avec Israël a été obtenue en échange de la reconnaissance par les États-Unis de Donald Trump de "la marocanité" du territoire disputé du Sahara Occidental, considérée comme la "première cause nationale" au Maroc.

Cette ancienne colonie espagnole est considérée comme un "territoire non-autonome" par l’ONU. Son statut oppose depuis des décennies le Maroc, aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

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De ce fait, la lune de miel entre les deux pays ne fait pas le bonheur de tous. Les voisins du royaume ne voient pas ce rapprochement de la même manière. Scellé avec la bénédiction de Washington, le protocole d’encadrement des relations sécuritaires suscite la défiance de l'Algérie. Le pays soutien de la cause palestinienne. Il fustige "l’arrivée à présent de ‘l’entité sioniste’ (Israël) à nos portes". Au Maroc, la cause palestinienne recueille toujours la sympathie de la population. Cependant, elle ne mobilise plus les foules.