A Mayotte, Emmanuel Macron s'est montré ferme face à l'immigration

"La France, c'est la sécurité". Emmanuel Macron a promis mardi 22 octobre à Mayotte des "réponses extrêmement concrètes" face aux difficultés, notamment  liées à l'immigration clandestine et au développement économique, avant de rejoindre ce mercredi La Réunion, où un appel à la "grève générale" a été lancé.
Image
Macron Mayotte
Capture d'image
Partager4 minutes de lecture
Dès son arrivée à Mayotte, le président a été accueilli par la population avec des chants et des danses, des femmes portant des pancartes "Caribou M. le président" ("bienvenue M. le président", Ndlr) et agitant des drapeaux tricolores.

Face à des habitants en attente de réponses, le président a espéré mardi soir que "ce voyage soit celui des résultats, du retour de la République pleine et entière".

"La France, c'est la sécurité, la France, c'est la santé, la France, c'est l'école, ce sont des chances données à Mayotte pour réussir", a lancé, plus tôt, le chef de l'Etat à Mamoudzou devant un millier de Mahorais.

Alors que l'île subit une très forte immigration clandestine issue quasi-exclusivement des Comores voisines, M. Macron s'est réjoui que les reconduites à la frontière aient "fortement augmenté" atteignant "quasiment 24.000 depuis le début de l'année, contre 9.800" en 2018, sur la même période (de janvier à octobre).  
                  

"Gestes forts"                  

Dans cet archipel de 374 km2, devenu département français en 2011, 48% des 256.000 habitants sont des étrangers selon l'Insee, dont 95% de Comoriens. Ces derniers sont nombreux à tenter la traversée à partir de l'île comorienne d'Anjouan, à 70 km de là.

En juillet, le corps d'un enfant retrouvé sur les côtes avait soulevé une vive émotion.
"La première des attentes (...) était l'annonce de décisions complémentaires fortes concernant la lutte contre l'immigration clandestine et la sécurité", a estimé le député de Mayotte Mansour Kamardine (Les Républicains). "Or le président de la République s'est satisfait de ce qui était déjà en cours de déploiement", a-t-il déploré dans un communiqué, évoquant un "loupé présidentiel".

"On attend des gestes forts (...), un vrai plan de lutte contre l'immigration clandestine, pas seulement de faire du chiffre en faisant des reconduites", avait lancé avant l'arrivée de M. Macron Estelle Youssouffa, présidente d'un Collectif des citoyens de Mayotte, à l'origine d'une paralysie de l'île au printemps 2018 pour dénoncer insécurité et immigration clandestine.

Elle a brièvement été interpellée mardi à Mamoudzou, selon la préfecture, qui n'en a pas précisé les raisons.
                  

"Plus de moyens"               

                  
M. Macron s'est rendu dans l'après-midi à Hamjago, dans la commune de M'tsamboro, au nord-ouest de Mayotte, là où débarquent massivement les Comoriens.

C'est là, non loin d'un fief du Rassemblement national, M'tsahara, qu'il s'est livré une nouvelle fois à un bain de foule, majoritairement des femmes souvent vêtues de "saluva" (vêtement traditionnel) et dont certaines portaient un masque de beauté, le "msindzano", à base de bois de santal.

Revenant sur la question migratoire, il a assuré qu'il était possible de "lutter contre l'immigration clandestine sans avoir un discours de haine", estimant qu'"il ne faut pas avoir un discours d'exclusion".

"C'est ni tout blanc ni tout noir et donc on se bat contre l'immigration clandestine, d'abord en négociant des textes avec les Comores", a poursuivi le chef de l'Etat.

"Tant que #Macron n'annonce pas la suspension du droit du sol et l'impossibilité de régularisation pour tout clandestin, qu'il ne durcit pas le ton face aux #Comores, la submersion migratoire se poursuivra à #Mayotte", a tweeté le présidente du Rassemblement national Marine Le Pen.

Plus tôt dans l'après-midi, M. Macron a rencontré les maires de Mayotte pour évoquer le développement économique du territoire et le "contrat de convergence" signé en juillet à Paris, qui prévoit 1,6 milliard d'euros pour la construction d'infrastructures scolaires et routières, l'accès à l'eau et à la santé. Un montant nettement insuffisant selon le collectif de Citoyens.

En outre, il a annoncé l'allongement de la piste de l'aéroport de Dzaoudzi, en Petite terre, pour désenclaver le territoire, une revendication de très longue date de la population et une promesse de Jacques Chirac en 2001.

Nouveau commissariat, "plus de moyens" pour la justice, une Agence régionale de santé (ARS) au 1er janvier 2020, un deuxième hôpital à venir, "800 classes nouvelles ouvertes" pendant le quinquennat: le chef de l'Etat a fait valoir une série de mesures déjà annoncées, assurant qu'il viendrait "rendre compte" de ses engagements.