Fil d'Ariane
Les "rumeurs de milliers de morts" après le passage du cyclone Chido à Mayotte "ne sont pas fondées à l'heure qu'il est" et le bilan des décès se compte plutôt en "quelques dizaines ou quelques centaines", affirme François Bayrou depuis l'archipel. Il appelle à une "très grande prudence" sur ce point.
Un homme marche dans le quartier informel de Barakani, à Mayotte, le samedi 21 décembre 2024.
François Bayrou, déterminé à reconstruire Mayotte en deux ans, est arrivé le 30 décembre sur l'archipel dévasté par le cyclone Chido à la tête d'une imposante délégation ministérielle, avec la promesse d'un plan d'aide baptisé "Mayotte debout", qui précédera d'autres mesures de long terme.
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"Les Mahorais ont souvent le sentiment que ce qu'on leur apporte, ce sont des assurances, de belles paroles de solidarité dans les déclarations, mais ce qu'ils veulent, c'est du réel. (...) Après une journée de dialogue, nous annoncerons ce soir un plan qui s'appellera 'Mayotte debout'", qui permettra "d'apporter des réponses rapides", affirme le Premier ministre, alors que les habitants attendent de pied ferme des réponses concrètes du gouvernement.
"Et puis après, il y aura une deuxième phase d'ici quelques mois. C'est un plan à long terme. Parce qu'il ne s'agit pas seulement de reconstruire Mayotte comme elle était. Il s'agit de dessiner l'avenir de Mayotte, différent", ajoute François Bayrou. Désireux de "faire mentir la fatalité", le Premier ministre répète son "objectif" de rebâtir Mayotte en deux ans.
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Accompagné de cinq ministres, dont les ministres d'Etat Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outremer), François Bayrou doit s'exprimer depuis le conseil départemental mahorais en fin de journée. Le sort de Mayotte pourrait faire l'objet d'un projet de loi spéciale, qui serait présentée lors du Conseil des ministres le 2 janvier.
Mais pour la députée Liot de Mayotte Estelle Youssouffa, les efforts ne sont "pas à la hauteur des besoins". "Il faut calibrer l'aide à hauteur de la population réelle", y compris les sans-papiers, nombreux dans l'archipel, souligne-t-elle sur RTL.
Notre devoir à nous, c'est de poser la question et de tenter d'apporter des réponses.
François Bayrou, Premier ministre français
François Bayrou juge à cet égard "irresponsable" de prétendre "qu'il n'y a pas un problème d'immigration brûlant à Mayotte". "Notre devoir à nous, c'est de poser la question et de tenter d'apporter des réponses", par "des propositions de loi qui isoleront les sujets qui seront des sujets de blocage", dit-il. Revenir sur le droit du sol à Mayotte, déjà restreint dans l'archipel, "est une question qu'il faut se poser", précise-t-il.
Environ un tiers de la population de Mayotte officiellement 320 000 habitants selon l'Insee, mais peut-être 100 000 à 200 000 de plus compte tenu de l'immigration irrégulière - réside dans des habitats précaires, entièrement détruits. Chido, cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis 90 ans, a causé le 14 décembre la mort de 39 personnes et fait plus de 5 600 blessés, selon un bilan publié le 29 décembre par la préfecture.
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Concernant le bilan des victimes, François Bayrou a appelle à une "très grande prudence". Il affirme que les "rumeurs de milliers de morts" ne sont "pas fondées" et que les décès se comptent plutôt en "quelques dizaines ou quelques centaines". Le préfet de Mayotte avait évoqué au lendemain de la catastrophe la possibilité qu'il y ait "plusieurs centaines" de morts. "Peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers", ajoute-t-il.
Les dommages sont en tous cas colossaux dans ce département le plus pauvre de France. Les secours y sont depuis à pied d'œuvre pour rétablir les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les réseaux de communications.