Fil d'Ariane
À peine un mois après le passage du cyclone Chido qui a dévasté Mayotte, la tempête Dikeledi menace l'archipel français. Une alerte rouge, qui implique l’interdiction de se tenir en dehors de chez soi, a été déclarée.
Des enfants jouent à Majicavo Koropa, Mayotte, vendredi 20 décembre 2024.
Moins d'un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, la tempête Dikeledi menace l'archipel français de Mayotte, dans l'océan Indien, qui a été placé, samedi 11 janvier à partir de 22 heures (19 heures GMT), en alerte rouge.
L'alerte rouge implique "l'interdiction de se déplacer" sur terre et sur mer, d'"aller sur les plages", "de se tenir en dehors de son domicile", a expliqué le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville.
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"Confinez-vous, préparez des vivres", avait-il lancé plus tôt, en exhortant les habitants à "ne pas toucher un fil électrique" ou un "compteur électrique" pendant la tempête.
L'aéroport est fermé depuis 16 heures locales et les ferrys ont été mis à l'arrêt depuis 19 heures locales.
"Nous devons nous préparer à cet événement qui va commencer dans la nuit, plutôt en fin de nuit, et qui va continuer pendant une bonne partie de la nuit, plutôt en fin de nuit, et qui va continuer pendant une bonne partie de la matinée, voire de la journée de demain dimanche", a déclaré le préfet.
La tempête a touché la côte nord-est de Madagascar vers 16h30 GMT, au nord du district de Vohémar, selon le service de météorologie malgache, DG Meteo.
Les vents moyens sont estimés à 130 km/h, avec des rafales à 180 km ; la tempête se déplace à 10 km/h mais sa vitesse devrait augmenter, selon DG Météo.
Une jeune fille marche au milieu des destructions à Mbouyougou, Mayotte, samedi 21 décembre 2024.
La tempête a changé de direction et se redresse vers un cap ouest, sud-ouest, se dirigeant de l'autre côté de l'île vers Nosy Be. Elle devrait transiter au sud des rives de Mayotte dimanche matin, de même source.
Le phénomène devrait se ré-intensifier très graduellement au fil de la journée de dimanche, amenant le système à redevenir une forte tempête tropicale dimanche soir, puis un cyclone tropical en journée de lundi, a expliqué à l'AFP la responsable du centre météorologique de Mayotte, Floriane Ben Hassen.
Dans son dernier bulletin, Météo-France prévoit en effet "une importante dégradation pluvieuse et venteuse" pouvant générer "des crues soudaines, des inondations et des glissements de terrains".
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Mi-décembre, le cyclone Chido, le plus dévastateur qu'ait connu le petit archipel en 90 ans, avait fait au moins 39 morts et plus de 5.600 blessés sur l'archipel, détruisant de très nombreuses habitations et endommageant fortement les infrastructures comme l'hôpital qui fonctionnait cette fin de semaine à 70%, selon le préfet.
Mayotte compte officiellement 320.000 habitants, mais pourrait en réalité abriter "100.000 à 200.000 personnes de plus, compte tenu de l'immigration illégale", selon une source proche des autorités.
Le préfet a précisé que le nouveau cyclone devrait, selon les prévisions, passer à moins de 110 km des côtes sud de l'archipel. "On a même des systèmes qui nous disent 75 km", a-t-il souligné.
"Rien n'est laissé au hasard", a insisté le ministre des Outre-mer Manuel Valls auprès de l'AFP.
Au total, "plus de 4.000 personnels sont mobilisés, dont 1.500 en renfort de la Sécurité civile, de la police, de la gendarmerie et de l'armée", a précisé le ministère de l'Intérieur.
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Des messages en français mais aussi en shimaoré et en kibushi, deux langues régionales, ont été diffusés à la radio et télévision pour alerter la population. "Le relais religieux a été utilisé avec les prières de vendredi", ainsi que les réseaux sociaux, a ajouté M. Valls.
À Mamoudzou, Camelia Petre, 35 ans, a expliqué à l'AFP qu'elle "hébergera des amis et collègues qui ont perdu leur maison", mais qu'elle se faisait du "souci pour la population précarisée".
"Les habitats de fortune ont été reconstruits, mais d'une façon encore plus fragile, donc le vent, qui risque de (...) transformer (les matériaux) en projectiles, et la pluie et la boue qui vont s'écouler, c'est un vrai danger !", s'inquiète cette professionnelle de l'aménagement urbain.
Le préfet a demandé aux maires de rouvrir les centres d'hébergement (écoles, équipements municipaux, gymnases, etc.) qui avaient pu accueillir quelque "15.000 personnes" lors de Chido.
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Les éventuelles coulées de boue constituent "des risques importants", a souligné le préfet : "on va avoir beaucoup de pluie, on a des estimations à 150-200 millimètres", alors que le sol est "déjà fragilisé" par Chido.
Une femme montre son stock d'eau à Mamoudzou, Mayotte, samedi 21 décembre 2024.
Vendredi à Mayotte, les files d'attente devant les stations-service se sont allongées de manière exceptionnelle et les habitants se sont approvisionnés en packs d'eau, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface sont proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique nord et le Pacifique.