Mayotte : pourquoi le déploiement de Starlink ne fait pas l’unanimité

Après le passage du cyclone Chido à Mayotte, le Premier ministre français François Bayrou a annoncé le déploiement de 200 terminaux Starlink. Le réseau internet par satellite est commercialisé par la société Space X, dirigée par le milliardaire Elon Musk.

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Quartier informel de Barakani, à Mayotte

Vue par drone du quartier informel de Barakani, à Mayotte, samedi 21 décembre 2024. 

AP Photo/Adrienne Surprenant
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Deux-cents antennes du réseau satellite Starlink vont être installées pour rétablir les connexions internet à Mayotte, où les infrastructures de télécommunications, très endommagées par le passage du cyclone Chido mi-décembre, sont encore en partie hors service.

Pourquoi le gouvernement veut-il déployer Starlink ?

Le Premier ministre français, François Bayrou, a annoncé, lundi 30 décembre, ce déploiement de terminaux destinés à "assurer les communications en urgence", sans préciser l'échéance, ni la durée de cette opération.

Le cyclone Chido a fait 39 morts, selon le dernier bilan officiel, et a laissé derrière lui des dégâts matériels importants. 

Bruno Retailleau et François Bayrou

Le ministre français de l'Intérieur sortant Bruno Retailleau, à gauche, et le Premier ministre français François Bayrou assistent à une réunion au Centre interministériel de crise au ministère de l'Intérieur à Paris, lundi 23 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien.

Julien de Rosa, Pool via AP

Au lendemain de son passage, les infrastructures de télécommunications des trois opérateurs présents étaient quasi intégralement hors service. Si la situation a connu depuis des progrès, une partie de la population demeure toujours coupée du réseau. 

Selon les dernières communications des opérateurs, Orange couvre actuellement 78% de la population de l'archipel, un taux qui atteint 85% pour SFR et 75% pour Only. 

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Les sites remis en service sont majoritairement localisés à l'est de l'île principale de Grande-Terre, où est concentrée une large partie de la population mahoraise, notamment dans la capitale Mamoudzou. À l'inverse, le nord-ouest et le sud de l'île laissent apparaitre des zones encore non couvertes. 

En quoi consiste ce réseau satellite ?

Starlink, un réseau internet par satellite, est commercialisé depuis 2021 par la société SpaceX, dirigée par le milliardaire Elon Musk. 

Grâce à des petits satellites placés en orbite basse et communiquant avec des antennes attribuées aux abonnés, les utilisateurs de Starlink peuvent accéder à internet y compris dans des zones non couvertes par la fibre ou le haut débit, qu'il s'agisse de zones rurales ou en partie détruites. 

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La société a notamment offert ses services aux habitants des zones endommagées par les ouragans Helene et Milton qui ont frappé le sud-est des États-Unis entre septembre et octobre.

Pourquoi l'annonce fait-elle polémique ?

La solution mise en avant par le Premier ministre a provoqué une réaction d'agacement du côté d'Orange.

Laurentino Lavezzi, directeur des affaires publiques du groupe, a publié lundi soir sur son compte X un message au sujet des annonces de M. Bayrou. Il qualifie le wifi de Starlink de "bien moins couvrant et performant qu'un réseau mobile" et regrette que des groupes électrogènes aient été alloués en priorité à des terminaux Starlink plutôt qu'aux opérateurs. 

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"Avec 4 générateurs électriques seulement, la couverture mobile Orange passerait de 75 à 85% de la population", a souligné M. Lavezzi. 

L'opérateur, qui recourt déjà aux services de Starlink pour couvrir certains lieux stratégiques, devrait aussi ouvrir une vingtaine de points de connexion wifi pour les Mahorais grâce au réseau satellitaire.

Dans une réponse transmise à l'AFP, Orange a qualifié Starlink de "solution temporaire utile" tout en indiquant que "la priorité pour (leurs) équipes restait de poursuivre le rétablissement du réseau mobile".

Existe-t-il des alternatives européennes ?

Si elle n'a pas été mentionnée, lundi, par le directeur des affaires publiques d'Orange, l'opérateur historique a lancé en novembre 2023 une offre d'abonnement internet par satellite, qui ne concerne à ce jour que la France métropolitaine. 

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L'Union européenne a également lancé mi-décembre son projet de constellation de satellites Iris² pour se positionner face à SpaceX, mais la connexion ne devrait débuter qu'à l'échéance 2030, avec 290 satellites multi-orbitaux.

Une solution loin de rattraper l'avance prise par SpaceX, qui avait indiqué début 2024 disposer de 6.000 satellites Starlink en orbite.