"Ne m'oubliez pas" Alexander Mora était le cadet d'une fratrie de huit. Agé de 19 ans, fils de paysan, passionné de football, Alexander se destinait à être professeur d'éducation physique. Il a disparu, avec 42 autres personnes, après s’être rendus en bus à Iguala pour participer à une manifestation. Capturé par la police municipale, lui et ses collègues d'infortune auraient été remis à des tueurs du cartel et exécutés. Comme nombre de ses camarades disparus, Alexander Mora suivait ses études à l'école normale rurale d'Ayotzinapa, dans le sud du Mexique. Son ADN a été retrouvé parmi les échantillons osseux trouvés dans une décharge et en bordure d'une rivière. Les analyses ont parlé. Selon un groupe d'anthropologues argentins joint par l'Agence France Presse, "il n'y a pas assez de certitudes ou de preuves scientifiques sur le fait que les (autres) restes retrouvés dans la rivière correspondent à ceux trouvés dans la décharge". Edith Mora, la soeur d'Alexander, s'est exclamée : "Qu'on fasse justice. Mon frère n'était pas un animal pour qu'on le tue comme ça !". Sur
la page Facebook de son école, on peut lire un message bouleversant rédigé par une main amie de l'étudiant disparu. Son auteur, anonyme, lui donne la parole une dernière fois : "Compagnons qui nous avez soutenus, je suis ALEXANDER MORA VENANCIO. Par cette voix, je parle : je suis l’une des 43 victimes tombées le 26 septembre dans les mains du narco-gouvernement. Aujourd’hui, des experts en Argentine ont confirmé à mon père que ces restes étaient les miens. Je suis fier de vous qui avez élevé ma voix, mon courage et mon esprit libertaire. Ne laissez pas mon père seul avec son chagrin, pour lui, je suis tout, son espoir, sa fierté, ses efforts, son travail, sa dignité. Je vous invite à intensifier la lutte. Que je ne sois pas mort en vain. Prenez la meilleure décision, mais ne m’oubliez pas. Corrigez, si cela est possible, mais ne pardonnez pas. Ceci est mon message. Frères, jusqu’à la victoire." Le président Enrique Pena Nieto a exprimé ses condoléances à la famille d'Alexander Mora et "à toutes les familles qui traversent ce moment douloureux" mais aucun officiel n'a daigné rendre visite à la famille Mora en guise de soutien.