Le microcrédit a propulsé 200 millions de pauvres dans l'univers de la consommation à crédit et de l'endettement auprès des banques. Est-ce le meilleur moyen de pallier à la pauvreté dans le monde ?" s'interroge Bernard Nadoulek. Or le microcrédit n'est pas la solution à la pauvreté, mais la clé de l'activité pour ceux qui n'y ont pas accès. Les choses dérapent lorsque que cet outil devient une finalité pour ceux qui se laissent tenter par les mirages de la consommation. "Dès que l'on dissocie finance et économie productive, on a plus de développement, mais de la consommation et très vite du surendettement," explique Claude Rochet. Car le système du microcrédit fonctionne,
les résultats le démontrent, mais ses outils restent à la disposition de tous, y compris de ceux dont le développement est le dernier des soucis. "La microfinance donne à certains organismes prêteurs la possibilité, enfin, de prêter aux pauvres, tandis que les libéraux entrevoient une porte ouverte sur l'allègement des prises en charge de l'Etat," explique Claude Rochet. Ainsi arrive-t-on, au Mexique, par exemple, à des
taux d'emprunt de 75% pratiqués par des sociétés cotées en bourse. "C'est de l'affairisme, ça n'a plus rien à voir avec le microcrédit," dit Claude Rochet. Ainsi, tout dépend de la qualité des organismes prêteurs, supposés analyser leur clientèle en fonction de leurs observations et statistiques avant d'accorder un prêt adapté. Mais dans un pays pauvre comme le Bangladesh, qui va aller scruter le modèle économique de celui qui veut emprunter pour s'équiper ? C'est donc
la politique de surveillance de l'Etat qui est en jeu, l'Etat que le principe même du microcrédit cherche à contourner.