Une soixantaine de migrants ont péri au large de la Tunisie dans la nuit du 9 au 10 mai. Cette nouvelle tragédie aurait pu passer inaperçue si des pêcheurs n’avaient pas jeté leurs filets non loin du lieu du naufrage. Aucun bateau de sauvetage des marines européennes ne croise aujourd'hui au large de la Méditerranée. Explications de Pierre Henry, directeur de France terre d'Asile, association de soutien aux migrants.
TV5MONDE : Le bateau des migrants qui a coulé au large de la Tunisie serait parti de la Libye. L'activité des passeurs semblait être pourtant freinée depuis plusieurs mois. Peut-on parler de nouvelles routes de migrations ?
Pierre Henry est directeur général de France terre d'asile
Pierre Henry : c'est difficile à dire. Je ne parlerai pas de nouvelles routes. Elles existaient déjà mais la présence de gardes-côtes libyens limitait l'arrivée de ces migrants. La reprise des combats entre les deux pouvoirs libyens a limité cette présence sécuritaire des milices et des forces libyennes sur les côtes. Le temps également est plus calme en mer. Les migrations vont donc reprendre durant ce printemps jusqu'à l'automne. La présence de migrants originaires du Bangladesh dans cette tragédie illustre le fait que le passage entre la Turquie et les Grèce est aujourd'hui solidement fermé et les migrants asiatiques cherchent à passer par d'autres régions dont la Libye. Mais ce passage libyen existait déjà. La tragédie de ce naufrage est surtout une répétition d'un scénario funeste : un passeur tente de rentabiliser au maximum le coût d'un bateau en surchargeant l'embarcation.
Un seul bateau de secours croise actuellement en Libye. Il s'agit du beateau de l'ONG espagnole Procativa.