Voulant éviter un afflux de migrants sur son territoire venant de la "jungle" de Calais, la Belgique renforce le contrôle de sa frontière avec la France. Une mesure légale dans l’espace Schengen, prise par d’autres pays européens ces derniers mois.
Alors que le justice française a finalement autorisé jeudi 25 février l'expulsion d'une partie de la "jungle" de Calais, la Belgique a réagi en décidant, dès mardi 23 février, de renforcer le contrôle à certains points de sa frontière.
« On voit venir depuis lundi soir ces illégaux qui veulent voyager au Royaume-Uni en essayant de passer par notre côte et par le port de Zeebruges [d’où partent les ferrys pour la Grande-Bretagne, ndlr]», a expliqué à la RTBF le ministre belge de l’Intérieur Jan Jambon qui précisait que ces migrants « ne veulent pas demander l'asile, ni en France ni en Belgique. »
Un patrouille de policiers français dans le camp de migrants de Calais dans le Nord de la France.
« Mais le but n'est pas non plus de fermer toute la frontière avec la France », a insisté le ministre de l'Intérieur Jan Jambon. Ce qui entraînerait de fortes conséquences économiques car les échanges transfrontaliers restent fructueux pour les deux pays, tout comme dans le reste de l'UE.
Le coût du renforcement des frontières
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Pour le directeur de l'Institut Jacques Delors, Yves Bertoncini interviewé sur France info, il s’agit avant tout d'un effet d'annonce : « C'est de la communication politique à destination des migrants de Calais pour leur dire : 'Ne venez pas, nous allons vous contrôler à la frontière', et à destination de la population belge : 'Rassurez-vous, dormez tranquilles’ ».
La démarche belge qui montre peu de solidarité avec son voisin européen co-fondateur de l’Union européenne, n’en est pas moins admise dans le cadre de Schengen comme l'a souligné ce mercredi 24 février Martin Schulz, président du Parlement européen sur l’antenne d’Europe 1 : « La Belgique établit des contrôles à temps limité et l’a annoncé à ses voisins et à la Commission européenne. Il faut savoir que dans le cadre Schengen existant, c’est admissible, c’est absolument normal. »
Un contrôle des frontières autorisé
En effet, ce type de mesure est tout à fait légale selon le code frontières Schengen : « En cas de menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure, les pays concernés peuvent exceptionnellement réintroduire le contrôle à leurs frontières intérieures pour une période de 30 jours au maximum (prolongeable aux conditions établies par le code) ou pour la durée prévisible de la menace grave. » Un Etat peut donc rétablir le contrôle de ses frontières en cas d'événement politique comme un G7 ou la venue d'un président étranger, un événement sportif, ou encore une menace terroriste.
Qu'est-ce que l'espace Schengen ?
- Entrée en vigueur en 1995, la convention signée entre les 5 pays fondateurs (France, Allemagne, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas) a permis « d’abolir les contrôles aux frontières intérieures entre les États signataires et de créer une frontière extérieure unique où sont effectués les contrôles d’entrée dans l’espace Schengen selon des procédures identiques. Des règles communes en matière de visas, de droit d’asile et de contrôle aux frontières externes ont été adoptées afin de permettre la libre circulation des personnes au sein des pays signataires sans perturber l’ordre public. »
- L’espace Schengen compte aujourd’hui 22 pays membres de l’UE, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.
Vague de fermetures des frontières
La Belgique avait déjà rétabli temporairement les contrôles à ses frontières en juin 2014 pour l’organisation, cette fois, du sommet du G7. Mais ces derniers mois, c’est l’afflux de migrants syriens en Europe qui a entraîné une plus grande crispation, un affolement des Etats membres de l’espace Schengen.
Certains ont donc renforcé le contrôle des identités à leurs frontières comme l'Allemagne avec l'Autriche en septembre 2015 après l'arrivée de milliers de migrants ou encore la Suède avec le Danemark en janvier 2016. Certains se sont même mis à ériger des murs de barbelés comme entre la Hongrie et la Croatie, l’Autriche et la Slovénie.
Même si ces renforcements de frontières peuvent s'inscrire dans le cadre de Schengen, ils n'en renforcent pas moins les divisions au sein de l'Union sur la question des migrants.