L'association SOS Méditérranée qui a sauvé des centaines de migrants depuis début 2016, avec son célèbre navire Aquarius, a donné une conférence de presse ce samedi 30 juin à Marseille. SOS Méditérranée et d'autres, comme Médecins sans frontières, dénoncent l'accord européen de Bruxelles qui s'est fait, selon eux, sur le dos des migrants. Tout est fait pour fermer les portes de l'Europe en renforçant les moyens des gardes côtes libyens.
À Marseille, l'Aquarius est arrivé un peu comme une bouteille à la mer... de celles qui n'obtiennent pas souvent de réponse. Si la France a finalement consenti à accueillir le bateau affrêté par SOS Méditérranée, l'opération se fait sans les rescapés sauvés au large de la Libye et uniquement avec l'équipage pour une escale technique.
D'ailleurs aucun sauveteur ne veut s'éterniser ici : le détour obligé par Valence a éloigné l'Aquarius de sa zone de sauvetage pendant trop longtemps.
Après le ravitaillement et le changement d'équipe, un seul objectif : repartir le plus vite possible pour éviter de nouveaux drames. Ce vendredi 29 juin encore, au moins une centaine de personnes dont trois nourissons ont disparu lors d'un naufrage.
La faute au manque de moyens des garde-côtes libyens, de leur propre aveu. Des garde-côtes libyens qu'à Bruxelles on aimerait bien voir devenir les gestionnaires d'une crise migratoire devenue crise politique en Europe.
Mais à bord de l'Aquarius, les sauveteurs volontaires ont une expérience du terrain quelque peu différente et racontent ces migrants préférant se jeter à la mer plutôt que d'être ramenés en Libye : "Sur l'Aquarius, nous avons entendu des histoires complexes sur la violence et les abus auquel les migrants et les réfugiés sont exposés en Libye, y compris la violence sexuelle, y compris la torture, l'extorsion, l'enlèvement, de sorte que les gens ne devraient pas être ramenés en Libye. Là bas, ils risquent d'être de nouveau exposés à de tels abus et violences." déclare Amelie Janon, responsable des affaires humanitaires à bord du navire et membre de Médecins sans frontières (MSF).
Lors d'une conférence de presse ce samedi 30 juin, SOS Méditerranée a dénoncé les "contradictions et les incohérences" de l'Union Européenne tandis que MSF demande aux gouvernements européens de faire preuve d'un minimum de décence dans la gestion de cette crise.