Selon les chiffres d’Europol annoncés début février, 10 000 enfants arrivés en Europe auraient disparus durant les deux dernières années. Un chiffre qui reflète, en partie, les dangers auxquels sont confrontés les mineurs en exil.
Plus d’un réfugié - ou migrant - sur trois quittant aujourd’hui la Turquie pour la Grèce est un enfant. En juin dernier, ils ne représentaient encore qu’un migrant sur dix.
Ce chiffre qui ne fait donc que grossir, selon un communiqué de l’Unicef du 19 janvier 2016, pourrait être en réalité beaucoup plus important. En effet, de nombreux enfants ne déclarent pas leur âge afin d’atteindre leur destination finale. Car s’ils se disent mineurs, les Etats ont l’obligation de les prendre en charge. Impossible alors pour eux de poursuivre leur route vers leur destination.
Sur plus d’un million de réfugiés et de migrants qui ont traversé la Méditerranée en 2015 pour rejoindre l'Europe, plus de 25% étaient des enfants (source Unicef).
« Bien que le nombre exact d’enfants non accompagnés et séparés ne soit pas connu, 35 400 ont trouvé refuge en Suède, de jeunes Afghans pour la plupart. Et on dénombre plus de 60 000 adolescents non accompagnés en Allemagne, en provenance de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak », précise encore l’Unicef.
Mineurs isolés étrangers
Autant de mineurs isolés étrangers (MIE) dont les administrations perdent parfois la trace après leur enregistrement à l'entrée en Italie ou en Grèce.
Certains quittent leur pays accompagnés de leurs parents. Mais ils s'en trouvent parfois séparés pendant leur fuite. D'autres partent réellement seuls, soutenus financièrement de loin par leur famille, qui vend parfois tout ce qu’elle possède pour assurer l’exil de sa progéniture porteuse de tous les espoirs.
Selon Brian Donald, un responsable de l’agence de coordination policière Europol, interviewé par l’hebdomadaire anglais The Observer, plus de 10 000 enfants migrants auraient disparus sur les 18 à 24 derniers mois. La trace de la moitié d’entre eux aurait été perdue en Italie. « Tous ne seront pas exploités à des fins criminelles, il y en a qui auront rejoint des membres de leur famille », explique Brian Donald. Reste qu'il est difficile de suivre leurs mouvements.
Crime organisé
Certains enfants disparaissent aussi pour des raisons plus obscures. Lors des passages de frontières, dans les camps de transit ou de fortune, ces mineurs peuvent croiser le chemin de trafiquants de drogue, d’êtres humains… exploités par le crime organisé qui entend tirer profit de la crise migratoire. « Ils finissent très fréquemment par devenir dealers ou sont contraints à se prostituer dans des conditions inimaginables », expliquait à l’AFP le journaliste italienne Luca Attanasio, auteure d'un livre sur les mineurs étrangers.
Un jeune garçon tient un bébé dans ses bras à leur arrivée sur l'île de Lesbos en Grèce le 29 janvier 2016.
Début février, c’est l’ONG Business and Human Rights Resource Centre qui travaille sur la responsabilité des entreprises en matière de droits humains qui tirait la sonnette d’alarme. Elle dénonçait le fait que des usines fournissant quatre grandes chaînes de magasins de prêt-à-porter (dont H&M et Next) employaient illégalement des enfants migrants syriens. La marque de vêtement suédoise H&M a indiqué avoir rencontré le cabinet du Premier ministre turc dont le pays accueille plus de 2 millions de réfugiés syriens. Ils sont de plus en plus nombreux à ne faire de la Turquie qu'une étape dans leur exil.