Mikhaïl Khodorkovsky exclut de se lancer en politique
Deux jours après sa libération et son arrivée à Berlin, Mikhaïl Khodorkovski s'exprime devant la presse. L’ex-oligarque et opposant à Vladimir Poutine n'entend se lancer dans la lutte pour le pouvoir mais veut se battre pour les "prisonniers politiques" qui demeurent dans les prisons russes.
Pondéré, et même étonnement souriant, Mikhaïl Khodorkovski s’exprime enfin. Des paroles attendues, après 10 ans de prison et 36 heures après avoir été sorti de sa geôle russe - une colonie pénitentiaire dans le Grand Nord - puis jeté dans un avion pour l’Allemagne… «Dans la meilleure tradition des années 1970 » souligne t’il, faisant allusion à l’URSS et sa manière de se débarrasser de ses prisonniers politiques vraiment trop encombrants, style Alexandre Soljenitsyne. Voilà de quoi expliquer, sûrement, le choix du lieu de cette conférence de presse : le musée Checkpoint Charlie de Berlin, haut lieu de mémoire dédié à la Guerre Froide et au Mur entre l’Ouest et l’Est. Des allusions et des symboles pour exprimer ce qu’il pense de Vladimir Poutine et de son régime. Remercie-t-il le président russe pour la grâce qu’il lui a accordé ? « Je suis heureux de sa décision » répond-t-il dans un bel exemple de laconisme éloquent. Et il précise encore que sa demande de grâce n’incluait pas une reconnaissance de culpabilité. Pour le reste, il assure qu’il n’entend pas entrer en politique et défier le régime. Il ne prévoit pas plus de se relancer dans les affaires, ou de tenter de récupérer ses biens et ses entreprises saisis. Jusqu’à son arrestation en 2003, Mikhaïl Khodorkovski était à la tête du groupe pétrolier Ioukos, le premier du pays. Il sera démantelé dans les années suivantes au profit de l’entreprise publique Rosneft. « Je ne veux pas perdre de temps, tout simplement » Que va faire alors l’oligarque déchu ? D’abord se battre pour les « prisonniers politiques », ceux qu’il appelle les « otages », citant d’anciens collaborateurs comme Platon Lebedev ou Alexeï Pitchougine, toujours en prison. Il exclut de financer les partis politiques d’opposition, dans leur propre intérêt… Pour le reste, son avenir est un peu flou. Peut-être n’a t-il sincèrement pas eu le temps d’y penser. Il n’entend pas rentrer tout de suite en Russie car il craint de nouvelles poursuites et ne sait pas où il va s’établir. Mikhaïl Khodorkovski affirme ne pas connaître l’état de sa fortune mais il a « sûrement assez pour vivre ».