Missiles tirés sur des bases militaires au Qatar : Téhéran lance sa riposte contre les États-Unis

Au lendemain du bombardement par les États-Unis de trois de ses sites nucléaires majeurs, dans la nuit de samedi 21 au dimanche 22 juin, l’Iran promettait une "riposte d’envergure" : plusieurs missiles ont été envoyés -avant d'être interceptés- lundi 23 juin au soir en direction de bases américaines au Qatar, sans faire de dommage. Jusqu'où peut aller la riposte de l'Iran, alors que ses capacités militaires sont amoindries ? 

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Missile Iran Qatar

Des images publiées par la télévision d'État iranienne montrent ce qu'elle affirme être des missiles lancés sur une base américaine au Qatar (IRIB / AFP)

 

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Le Qatar a dénoncé lundi une attaque de missiles iraniens visant une base américaine sur son territoire. "Nous exprimons la ferme condamnation par l'État du Qatar de l'attaque de la base aérienne d'Al-Udeid par le Corps des gardiens de la révolution iranien, que nous considérons comme une violation flagrante de la souveraineté et de l'espace aérien de l'État du Qatar, ainsi que du droit international", a déclaré le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, dans un communiqué.

Les défenses aériennes du Qatar ont  intercepté avec succès une attaque de missiles visant la base aérienne d'Al-Udeid
Ministère qatari de la Défense

L'Iran lance sa riposte contre les États-Unis

Les bases militaires américaines au Moyen-Orient ont été visées, dans la soirée du lundi 23 juin, notamment la base aérienne d’Al-Udeid, au Qatar, qui représente un point névralgique du dispositif américain. Elle héberge près de 10 000 soldats et plus de 100 appareils, dont des drones, et constitue le quartier général avancé du Commandement central américain (CENTCOM). Elle a joué un rôle central dans les opérations en Irak, en Syrie et en Afghanistan. Le Qatar a dit avoir intercepté les missiles iraniens : "les défenses aériennes du Qatar ont  intercepté avec succès une attaque de missiles visant la base aérienne d'Al-Udeid", a indiqué le ministère qatari de la Défense, en ajoutant que "l'incident n'a fait ni mort, ni blessé". 

Présente sur 19 sites dans la région, l’armée américaine compte plus de 40 000 soldats dans la zone, une présence renforcée depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. D’autres infrastructures sensibles incluent la base navale de Bahreïn, où près de 9 000 personnes civils et militaires sont présentes, et celle d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis, équipée notamment de F-22 Raptor et de systèmes de surveillance AWACS. Ces sites pourraient faire l’objet d’attaques directes, ont averti les Gardiens de la Révolution, qui promettent des options « qui dépassent l'entendement [...] du camp de l'agresseur, et les agresseurs de cette terre doivent s'attendre à des ripostes regrettables ».

L’Iran avait déjà mené "des attaques du côté des bases américaines en Irak, après l’assassinat du général Souleimani par les Américains [en janvier 2020]", raconte Siavosh Ghazi, correspondant de TV5Monde à Téhéran.  

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Le général iranien Quassem Soleimani assistant à une réunion avec le guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, à Téhéran, en Iran, le 3 octobre 2019.

(Re)voir : Irak : le général iranien Qassem Soleimani tué dans un raid américain

Fermer le détroit d’Ormuz ? 

Téhéran menace aussi depuis le début du conflit avec Israël de fermer le détroit d'Ormuz, entre le golfe Persique et la mer d'Oman. Selon Siavosh Ghazi, correspondant de TV5MONDE à Téhéran joint ce lundi 23 juin, « le parlement iranien a donné son feu vert pour la fermeture du détroit, mais une telle décision doit être validée par une autre instance politique iranienne : le Conseil suprême de sécurité national, qui réunit tous les responsables politiques et militaires du pays. Et on ne sait pas si ce conseil s’est déjà réuni ».

Carte détroit Ormuz

Carte détroit Ormuz (infographie TV5MONDE)

Plus de 20 millions de barils transitent chaque jour par la zone. Bloquer le détroit ne serait donc pas sans conséquences économiques : cela perturberait jusqu’à 20 % des flux pétroliers mondiaux, ce qui ferait exploser les prix de l'or noir, mais aussi ceux du gaz. Cette décision priverait aussi l’Iran de ses propres exportations vers la Chine, qui achète 95% de la production iranienne de pétrole, et pourrait froisser un de ses rares soutiens politiques. 

Emmanuel Macron a mis en garde ce lundi contre les "conséquences massives" sur l'économie mondiale d'une éventuelle fermeture par l'Iran du détroit d'Ormuz. "Je pense que ça ferait réagir beaucoup de monde. Et la pression sur l'Iran serait alors importante", a dit le président français lors d'une conférence de presse à Oslo à l'occasion de sa visite en Norvège.

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Activer les alliés de la région ?  

Téhéran pourrait aussi activer ses alliés au Yémen, les rebelles houtis, dont le porte-parole militaire, Yahya Saree, a déclaré ce samedi : «si les États-Unis prennent part à une attaque et à une agression contre l’Iran aux côtés de l’ennemi israélien, les forces armées [houthies] viseront leurs navires et bâtiments de guerre en mer Rouge». 

Reste à savoir si l’Iran est encore en capacité de frapper. Depuis le début des opérations israéliennes le 13 juin, une partie de son arsenal balistique aurait été détruite. Téhéran aurait déjà tiré près de 400 missiles, mais son stock restant est incertain. Ses alliés régionaux – le Hamas, le Hezbollah, les Houthis – ont eux aussi vu leurs capacités diminuées par les ripostes israéliennes.