Fil d'Ariane
L'armée israélienne a annoncé jeudi 1er août 2024 que le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, avait été "éliminé" dans une frappe le 13 juillet dans la bande Gaza, après de nombreuses années à le traquer.
Photo non datée du chef militaire du Hamas, Mohammed Deif, à l'origine de l'attaque armée contre Israël en octobre 2023.
Il est l'un des cerveaux présumés de l'attaque du 7 octobre. L'armée israélienne a annoncé jeudi 1er août que le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, avait été "éliminé" dans une frappe le 13 juillet dans la bande Gaza
C'est lui, le chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, qui avait annoncé dans un enregistrement diffusé par le Hamas, le matin du 7 octobre, le début de l'opération "Déluge d'Al-Aqsa".
Sur la bande audio, on entend le très secret chef militaire annoncer que "les positions et les fortifications de l'ennemi ont été visées par 5 000 roquettes et obus lors des 20 premières minutes" de l'attaque.
Plus de neuf mois plus tard, l'armée israélienne avait assuré le 13 juillet l'avoir visé, en plus de son adjoint Rafa Salama, par un raid aérien dans le sud de la bande de Gaza, un secteur où, selon le Hamas, une frappe israélienne sur le camp de déplacés d'Al-Masawi a tué 90 personnes. Mais une incertitude concernait sa mort.
Le Hamas, lui, avait dénoncé un "effroyable massacre" dans le camp de déplacés, qualifiant de "fausses allégations" des rumeurs sur la mort de son chef militaire.
Pour illustrer l'enregistrement de Deif, dont seules de très rares photos sont connues, le Hamas avait le 7 octobre publié l'image d'un homme dont on ne distingue que l'ombre et les contours, comme le mouvement le fait toujours pour qu'il ne soit pas identifié.
Pour le Hamas, il était le "chef d'état-major de la résistance". C'était aussi l'un des hommes les plus recherchés par les autorités israéliennes depuis de nombreuses années, et davantage encore depuis le déclenchement de la guerre qui vise, selon Israël, à anéantir complètement le mouvement islamiste.
(Re)voir Proche-Orient : qui est Mohammed Deif ?
Avant la frappe du 13 juillet, Deif avait échappé au moins à six tentatives d'élimination connues.
En 2014, il réchappe à une frappe israélienne, dans la bande de Gaza, qui entraîne la mort de son épouse et de l'un de leurs enfants. L'armée israélienne dit avoir disposé de "renseignement de haute-qualité" pour le cibler mi-juillet.
Mohammed Deif serait né en 1965 dans le camp de réfugiés de Khan Younès (sud de la bande de Gaza), tout près du site visé le 13 juillet. Depuis une trentaine d'années, il était mêlé aux coups les plus durs portés contre Israël : captures de soldats, attentats suicide, tirs de roquettes... Et désormais à la guerre.
Depuis, Israël pilonne sans relâche sa bande de Gaza natale, dans une riposte qui a fait au moins 39 480 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.
Désigné en 2002 à la tête de la branche armée du Hamas, après la mort de son prédécesseur Salah Chéhadé - tué dans un raid israélien -, Mohammed Deif avait entamé dans les années 1980 son parcours clandestin.
En 2000, au début de la seconde Intifada dans les territoires palestiniens contre l'occupation israélienne, il s'échappait - ou était libéré - d'une prison de l'Autorité palestinienne, du temps de Yasser Arafat. Au grand dam des Israéliens.
(Re)lire Qui est Mohammed Deif, l'homme derrière les attaques du Hamas contre Israël ?
Juste après son accession au commandement des brigades al-Qassam, il avait été la cible d'une tentative d'élimination par Israël dont il était sorti grièvement blessé. Il était inscrit en 2015 sur la liste américaine des "terroristes internationaux".
Autant de faits d'armes qui lui conféraient, parmi les Palestiniens, une aura renforcée par le secret qui l'entoure.
Début janvier, l'armée israélienne avait publié une photo non datée, selon elle le montrant et retrouvée sur un disque dur dans un bunker souterrain du Hamas. Sur le cliché, un homme est allongé sur un sol sablonneux avec un acolyte au pied d'un bosquet, barbe fine, le visage rond chaussé de lunettes, le cheveu poivre et sel.
A force d'échapper à Israël, Mohammed Deif avait aussi gagné un surnom : celui de "chat aux neuf vies".