Fil d'Ariane
Aujourd'hui âgé de 34 ans et vivant en Savoie (France) où il est menacé d'expulsion, Mourad B. entendu le 21 janvier par le juge français Marc Trevidic a expliqué être entré fin 2006-début 2007 dans les services algériens, qui l'ont chargé d'infiltrer les rangs islamistes.
Disant avoir dépendu du centre territorial de recherche et d'investigations d'Oran (CTRI), il aurait constaté que les groupes jihadistes étaient largement infiltrés par les services algériens.
Fin 2009, début 2010, il exprime le souhait d'arrêter de travailler pour les services. Cet "infiltré" explique qu'un supérieur l'aurait alors prévenu "qu'on ne sortait pas de chez eux comme on y entrait". Un autre officier se serait ensuite fait plus précis dans ses menaces: "Si tu nous trahis, on fera ce que le colonel (...) a fait aux moines".
Mourad B. quitte l'Algérie début 2011 pour la France. Son titre de séjour a depuis expiré, le plaçant sous la menace d'une expulsion vers l'Algérie où, dit-il, il serait en danger.
Les juges Trevidic et Poux se sont rendus en Algérie à l'automne 2014 , notamment pour autopsier les têtes des moines. Établir que les décapitations ont été réalisées post mortem serait de nature à accréditer la thèse d'une manipulation pour dissimuler les causes du décès et faire croire à l'implication des islamistes.
Mais Alger a refusé d'envoyer des prélèvements en France pour des analyses. Les familles des moines de Tibéhirine y ont vu une "confiscation des preuves" et ont considéré qu'avec ce refus la version officielle d'un crime islamiste avait encore perdu du crédit.