Mondial de football : quels enjeux pour Vladimir Poutine ?

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Décryptage avec Carole Gomez, chercheuse à l'IRIS, spécialiste de l'impact du sport dans les relations internationales. Elle est l'invitée du JT international.
Interview : Isabelle Malivoir
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Le Mondial de football se joue en Russie jusqu'au dimanche 15 juillet dans 11 villes et 12 stades, et sur 4 fuseaux horaires. Un événement planétaire qui devrait attirer plus de 3 milliards de téléspectateurs : quelle plus belle vitrine pour faire montre de sa puissance ? Vladimir Poutine le sait, qui vient d'être réélu. 

Le Mondial de foot avait été attribué à la Russie en 2010, en échange de promesses d'ouverture. Huit ans plus tard, le bilan est mitigé. Dans le domaine de la liberté d'expression, il n'y a pas vraiment eu d'amélioration, soulignent plusieurs organisations non gouvernementales dans leurs rapports. Cette compétition, pourtant, s'accompagne de signes positifs, comme l'avaient été les Jeux olympiques et paralympiques de Sotchi : cette fois, c'est la libération de l'opposant Alexandre Navalny, concomittante au coup d'envoi du tournoi. 

Redorer son blason

Une compétition de cette envergure n'est pas à prendre à la légère pour l'image d'un pays. Tous les chefs d'Etat le savent. Vladimir Poutine sait que toute la planète aura le regard braqué sur son pays pendant plus d'un mois. Au-delà de l'aspect politique, entre Syrie, Yémen et Crimée, la Russie a ici l'occasion de donner, de l'intérieur, une image plus lisse, plus nuancée.

Le fait est que le Mondial n'aura finalement pas été boycotté par les Occidentaux et ce malgré les tensions autour de la Syrie et de la Crimée, entre autres, et le retentissement de l'affaire Skripal, qui s'est tout de même manifesté par le boycott de la cérémonie d'ouverture par le Royaume-Uni.

Diplomatie du ballon rond

Le football revêt donc une incontestable dimension diplomatique, et cette Coupe du monde est l'une des plus politiques de l'histoire, même si le président de la Fédération française Noël Le Graët affirmait, voici quelques jours encore : "Je ne veux pas faire de politique". Vladimir Poutine ne va pas manquer de saisir l'occasion pour faire passer ses messages, de discussions de couloir en échanges dans les gradins. 

Du côté des concurrents aussi, la dimension politique rejaillit sur les contrats commerciaux : l'équipementier américain Nike a ainsi refusé d'équiper l'équipe iranienne, tout comme l'Allemand Adidas, d'ailleurs. Les entreprises, qui craignent les sanctions du gouvernement, préfèrent s'abstenir. C'est une conséquence directe du retrait des Etats-Unis de l'accord avec l'Iran, une considération éminemment politique.