Mondial : la lutte contre le dopage passera par la Suisse
Au Brésil, les échantillons prélevés sur les joueurs de la Coupe du Monde ne pourront pas être testés sur place. Un laboratoire situé en Suisse s'en chargera. Y-a-t-il vraiment un risque pour les tricheurs d'être attrapés lors de cette Coupe du monde 2014 ?
On ne parle presque jamais de dopage dans le football. Et pour cause, il n'y en aurait quasiment pas selon la FIFA : entre 0,34% et 0,21% d'échantillons positifs aux anabolisants entre 2004 et 2009 sur des dizaines de milliers de prélèvements annuels. Le sport "roi" serait presque exempt de tricherie. Pourtant la fédération mondiale de football communique sur ce sujet et semble déterminée à lutter avec la plus grande vigueur contre ce fléau, qui, s'il ne touche pas beaucop le football au vu des résultats des contrôles, accable le cyclisme et l'athlétisme depuis des décennies. Avec pour cette Coupe du Monde, une nouveauté dans la lutte contre le dopage : la "délocalisation" des analyses.
68 cas positifs et 5 cas de joueurs dopés aux anabolisants sur 32 000 prélèvements en 2009
(Source : site de la Fifa)
18 heures de trajet minimum
Le Brésil n'a pas su répondre aux exigences de l'agence mondiale anti-dopage : son laboratoire de Rio n'a donc pas pu être retenu pour effectuer les contrôles anti-dopage de la Coupe du monde. Un autre laboratoire brésilien, qui sera utilisé pour les JO de 2016 n'est pas achevé et donc inutilisable cette année. La FIFA se voit donc forcée de faire envoyer les échantillons d'urine et de sang des joueurs à un laboratoire situé en Suisse. Le surcoût de la délocalisation de ces dépistages vers un pays situé à 9000 kilomètres du théâtre des opérations sportives a été estimé par le quotidien espagnol El Pais à 250 000 $. Au delà de l'aspect économique, la distance pose des questions quant à l'efficacité du procédé. L'exemple des matches joués à Manaus, dans le nord du Brésil, est donné par le quotidien espagnol : les échantillons devront cheminer jusqu'à Sau Paulo, puis s'envoleront pour Zurich, et enfin Lausanne. 18 heures de trajet au minimum. Un joueur dopé sur un match pourra le plus souvent jouer le match suivant avant que son test n'ait eu le temps d'être effectué…et les résultats connus.
Presque aucuns tricheurs ?
Jiri Dvorak, médecin chef de la Fifa
Il y aura 1000 échantillons analysés durant la Coupe du Monde 2014. La délocalisation des analyses anti-dopage vers la Suisse, même si elle pose des questions d'efficacité et de possibles conflits au cours de la compétition, éclaire surtout un sujet très peu abordé : celui de la quasi inexistence officielle du dopage dans le sport le plus regardé sur la planète. Par exemple, en 2006, durant le Mondial allemand, la Fifa n’a pratiqué aucun contrôle sanguin pour détecter d’éventuelles transfusions : "Nous considérons la probabilité de cette pratique dans le football tellement faible que ce serait une perte de temps, d’argent et d’énergie que de faire des contrôles sanguins", expliquait alors le médecin chef de la Fifa, Jiri Dvorak, au quotidien Le Monde. Si l'athlétisme ou le cyclisme sont largement pointés du doigt pour leurs affaires de dopage, ce n'est toujours pas le cas du football. La volonté de la part des autorités de chercher activement des substances illicites chez les champions du ballon rond peut-elle être sujette à caution ? Certains spécialistes, au vu des sommes engagées dans le foot, et des pratiques connues, pensent que le dopage est très important dans ce sport. Reste à le prouver et surtout le faire savoir, si c'était le cas, pour l'honneur du sport en général, et de ceux qui apprécient ses valeurs.
Favela da Paz : les chiffres de la misère
Le stade Itaquera vu du métro, toujours en construction à la mi avril 2014. (@Octave Bonnaud)
A un quart d’heure à pied d’un stade qui aura coûté 300 millions d’euros, 19% des familles vivent dans des baraques en bois, soutenues par des pilotis brinquebalants au bord du fleuve. Selon une estimation effectuée par des travailleurs sociaux, près de la moitié des habitants sont au chômage, l’autre moitié se répartissant à égalité entre travail légal et informel. Sur le plan des revenus, 61% des familles vivent avec l’équivalent de 339R$ (soit 108€) par tête, tandis que 34% des foyers doivent survivre avec un revenu de 820 R$ (soit 263€). 50% des enfants n’étaient pas scolarisés fin 2012 et la moitié des familles n’avaient pas eu recours aux aides sociales auxquelles elles sont éligibles.