Fil d'Ariane
Au sein de cette polémique, encore et toujours le Roundup, cet herbicide controversé dont le principe actif est le glyphosate. Le pesticide le plus utilisé au monde est pourtant classé comme "cancérogène probable par une agence de l'OMS", et soupçonné d'être un perturbateur endocrinien tout comme le bisphénol, présent dans de nombreux produits de la vie courante.
L'Union européenne aurait pu alors empêcher le renouvellement de l'autorisation du glyphosate à partir de ces conclusions, en 2016, puisque ses propres réglementations interdisent l'utilisation de pesticides lorsqu’ils sont considérés comme cancérogènes "certains ou probables". Mais le vote avait été reporté de dix-huit mois, notamment car les représentants des 28 Etats membres n’étaient pas parvenus à s’entendre et sept pays, dont l'Allemagne, s'étaient abstenus.
Arrêter brutalement l'utilisation de ce produit, dont l'agriculture est assez largement dépendante, est évidemment difficileEdouard Philippe, Premier ministre français
Un an et demi plus tard, alors que les 5 et 6 octobre doit se tenir le très attendu vote sur le renouvellement de l’autorisation de commercialisation du glyphosate pour dix ans, la situation n’a pas beaucoup évolué.
La Commission européenne, qui recommande sa réautorisation pour 10 ans, souhaite que les Etats membres se prononcent rapidement pour ou contre ce renouvellement, dans un vote à la majorité qualifiée. Le vote pourrait être une nouvelle fois repoussé.
Du côté de la France, alors que Nicolas Hulot avait annoncé, fin août, que la France voterait contre, le premier Ministre Edouard Philippe est revenu depuis sur cette position, affirmant quelques jours avant ce vote, le 26 septembre, qu'il n'existait pas aujourd'hui de produits de substitution au glyphosate."Arrêter brutalement l'utilisation de ce produit, dont l'agriculture est assez largement dépendante, est évidemment difficile", a argué le chef du gouvernement.
L'agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a récemment été accusée par des médias d'avoir reproduit des arguments des fabricants de pesticides, parmi lesquels Monsanto, dans un rapport sur le glyphosate qui a servi de base à la recommandation de renouvellement de la Commission.
L'agence avait rejeté ces critiques, faisant valoir que les documents mentionnés par les médias ne faisaient pas partie du rapport de l'Efsa, mais des notes fournies par l'Etat membre rapporteur auprès de l'agence dans ce dossier.