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Les explications de Catherine François, en dupleix depuis Montréal.
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Montréal, ville refuge pour les migrants

Santé, éducation, sécurité… Désormais, les 50 000 sans-papiers qui vivent à Montréal auront droit aux mêmes services que tous les autres citoyens sans risquer d’être arrêtés. 

Le conseil municipal vient d’adopter à l’unanimité la proposition de son maire désignant Montréal "ville sanctuaire", ou "ville refuge" pour les migrants illégaux. Après les Canadiennes Vancouver et Hamilton en 2014, ou Toronto dès 2013, ainsi que 37 villes américaines, dont Washington et New York, la ville québécoise s’engage désormais à offrir aux sans papiers les mêmes services municipaux qu’aux résidents.

villes sanctuaire ou non

Dès le 9 novembre 2016, les maires de Seattle (à gauche), San Francisco (à droite) et bien d'autres villes sanctuaires des Etats-Unis déclarent maintenir leurs positions malgré les déclarations de Donald Trump, qui menace d'assécher leurs fonds s'ils ne coopèrent pas. Pour l'heure, seule la municipalité de Miami-Dade (au centre) a cédé.

©AP


Ils bénéficieront, par exemple, des programmes de logements municipaux. Cela afin de protéger des personnes que leur statut rend vulnérable des abus de certains propriétaires. Car ce sont souvent les illégaux qui se retrouvent dans des logements insalubres et hors de prix, dont personne ne veut. 
 

Victoria Rivera

Victoria Rivera retient ses larmes ce 17 février 2017. Le Conseil municipal de Miami-Dade a choisi de soutenir son maire, pourtant d'origine cubaine, et de coopérer avec les autorités fédérales qui demandent à toutes les villes-sanctuaires de cesser leurs politiques d'accueil.

©AP/Alan Diaz

Le message concerne aussi les services de santé. Jusqu’à présent, une femme sans papiers victime de violence conjugale ne pouvait pas chercher de l’aide auprès de la police sans risquer d’être arrêtée. Les femmes enceintes, également, ont besoin d'être prises en charge, même si elles n’ont pas d’assurance-maladie. Idem pour les immigrants souffrant de troubles mentaux après avoir été torturés. 

En matière d’éducation, les parents sans papiers pourront désormais envoyer leurs enfants dans les écoles montréalaises sans risquer d’être interpellés à cause de leur statut. Actuellement, il en coûte jusqu’à 7000 dollars pour scolariser un enfant sans papiers. 

Une réponse à Trump ?

Cette décision du maire de Montréal, Denis Coderre, semble répondre au décret anti-immigration du président américain Trump. De fait, depuis plusieurs semaines, le Canada voit une recrudescence des demandeurs d’asile qui traversent la frontière depuis les Etats-Unis. "Aujourd’hui, avoir un président américain qui définit une personne par son pays me donne envie d’assurer leur quiétude chez nous, en mettant de côté les questions de sécurité intérieure. De toute façon, la plupart sont ici depuis longtemps déjà et demandent le statut de réfugiés. Cette quiétude, à terme, apportera au pays un énergie bénéfique, explique le maire.  Au Canada, à part les populations premières, nous sommes tous des migrants," ajoute-t-il.  

En 2002, quelques semaines après le 11 septembre, Denis Coderre était ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration du Canada. A ce titre, il a déjà eu à faire face à un contexte migratoire extrêmement tendu. Aujourd’hui, il veut "se donner les outils pour aider les gens en toute décence." Des gens ne sont pas forcément illégaux, mais davantage en attente de statut, explique-t-il. Les conventions internationales prévoient l’accueil de migrants venant de pays en guerre. Les aider fait partie des droits fondamentaux. Et quand on pense aux 5 millions, de Syriens qui ont fui leur pays, dont 1,5 million sont réfugiés au Liban et autant en Jordanie. Le gouvernement canadien peut facilement en faire plus, avec l'aide de financement publics et privés. A Québec, le gouvernement de Philippe Couillard déclare étudier des pistes de solutions pour aller dans le même sens. 
 

Coderre
Denis Coderre, maire de Montréal, en duplex chez nos partenaires de Radio-Canada, pour commenter sa décision de faire de sa ville un "refuge" pour les migrants. 


Le but de cette résolution est noble, mais les ONG et associations attendent les mesures concrètes pour les  50 000 sans-papiers. "Attention aux effets d'annonce, explique Jaggi Singh, militant des droits de l’Homme à nos partenaires de Radio-Canada, car en l'absence de cadre, cette décision pourrait donner aux sans-papiers une impression de sécurité qui n’existe pas.