Les banques ont-elle appris quelque chose ?
Les produits bancaires dits toxiques ont été les principaux responsables de la crise financière qui a débuté en 2007 aux Etats-Unis, entraînant la chute de
Lehman-Brothers (l'une des plus grande banques au monde) pour arriver à la mise en cause du système financier dans son ensemble. La "finance folle", incarnée par les fameux "marchés financiers", est devenue l'emblème d'un fonctionnement économique absurde basé sur la spéculation, les transferts d'argent à la nanoseconde, déconnecté de l'économie réelle, avide et incontrôlable. Si l'ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, avait déclaré dès fin 2008 vouloir faire cesser les pratiques "délirantes" des banques, contrôler les paradis fiscaux, moraliser le capitalisme financier, aucune action concrète ne fut menée. Le candidat Hollande devait lui aussi combattre la finance, "cet ennemi sans visage", comme il l'avait déclaré lors d'un meeting politique marquant au Bourget. Une loi sur la séparation des activités bancaires a donc été votée en février 2013, devant empêcher la spéculation financière avec l'argent des déposants. Il s'avère que les termes de la loi permettent d'empêcher la spéculation de seulement 0,75% (le cas de la Société Générale) à 2 % au maximum des activités des banques françaises, et par la seule création de filiales. Autant dire que le changement est infime, et que toujours rien n'interdit aux banques de continuer leurs pratiques spéculatives à haut risque dans le "casino géant mondial des marchés financiers". Elles jouent impunément avec l'argent de leurs clients, tout en conservant la garantie d'être sauvées par l'argent des contribuables en cas de faillite. Rien ne leur interdit non plus de permettre l'évasion fiscale de sommes colossales, qui empêchent les Etats de réduire leurs dettes. Comme auparavant. L'Union européenne semble donc vouloir agir pour contrer l'évasion et la fraude fiscale en se réunissant cette semaine à Bruxelles avec, en France une commission d'enquête au Sénat qui doit plancher sur le "rôle des banques et acteurs financiers dans l'évasion des ressources financières". Pour autant, les pratiques les plus contestables de ces mêmes banques ne sont toujours pas remises en cause. Les "subprimes" devaient servir de leçon aux banques : les rachats de contrats d'assurance-vie pariant sur le décès de leurs détenteurs n'ont pourtant pas l'air d'attirer l'attention des décideurs politiques. Les banques peuvent-elles faire ce qu'elles veulent, comme participer à spéculer sur la date de décès de retraités, sans que personne n'agisse ou ne réagisse ? Peuvent-elles continuer à aider les plus grandes fortunes à ne pas participer à l'effort commun par l'impôt, sans être inquiétées ?