Mort de Jimmy Carter : comment les accords de Camp David ont donné un espoir de paix au Proche-Orient ?

Au Proche-Orient, l’ex-président des États-Unis mort le 29 décembre, Jimmy Carter, est connu pour être parvenu au premier accord de paix israélo-arabe. Voici tout ce qu’il faut savoir sur les accords de Camp David, signés en 1978.

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Camp David, dans le Maryland

De gauche à droite, le Premier ministre israélien Menachem Begin, le président Jimmy Carter et le président égyptien Anouar el-Sadate passent en revue la garde d'honneur des Marines à Camp David, dans le Maryland, le 7 septembre 1978. 

AP Photo/Bob Daugherty
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Dans quel contexte ont été signés les accords ?

Dès lors la création de l’État d’Israël en 1948, l’Égypte et d’autres pays arabes voisins comme la Syrie et la Jordanie lui déclarent la guerre. La région connaît alors de nombreux conflits, à commencer par la guerre de 1948 au terme du mandat britannique en Palestine et au lendemain de la déclaration d’indépendance d’Israël. 

S’ensuivent la guerre de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre d'usure, entre 1967 e 1970, et la guerre du Kippour en octobre 1973. Au cours de ce dernier conflit, l’Égypte ne réussit pas à reprendre le contrôle de la péninsule du Sinaï, perdu en 1967.

Le président de la République d’Égypte, Anouar el-Sadate, entame des négociations secrètes avec Israël quelques années après la fin de la guerre du Kippour, en 1977. 

Accords de Camp David

Sur cette photo du 26 mars 1979, le président égyptien Anouar el-Sadate (à gauche), le président américain Jimmy Carter (au centre) et le premier ministre israélien Menachem Begin se serrent la main sur la pelouse nord de la Maison-Blanche après avoir signé le traité de paix entre l'Égypte et Israël à Washington.

AP Photo/ Bob Daugherty, File

Jimmy Carter, alors président des États-Unis, veut relancer le processus de paix au Proche-Orient. Il s’impose rapidement comme le médiateur entre l’Égypte et l’État hébreu en organisant une rencontre entre les deux dirigeants, Anouar el-Sadate et Menahem Begin, sur le territoire américain.

Que prévoient les accords de Camp David ?

Le 5 septembre 1978, Jimmy Carter réunit le Premier ministre israélien et le président égyptien à Camp David, lieu de villégiature officiel des présidents américains, situé dans l’État du Maryland.

Les négociations tenues secrètes aboutissent, le 17 septembre, à deux accords-cadres entre Israël et l'Égypte. Leur objectif : éviter une cinquième guerre entre l’État hébreu et les pays arabes voisins. 

Carte du Sinaï

Le second accord-cadre prévoit un traité de paix entre Israël et l’Égypte. L’armée israélienne s’engage alors à quitter le Sinaï.

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Le premier accord doit fixer un cadre pour la paix dans la région, en trois parties. Les négociations portent sur le sort de la Cisjordanie et la bande de Gaza et devaient déboucher sur leur autonomie. L’accord définit aussi les relations diplomatiques entre Israël et les pays arabes et, enfin, entre l’Égypte et Israël.

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Le second accord-cadre prévoit un traité de paix entre Israël et l’Égypte, signé le 26 mars 1979. L’armée israélienne s’engage à quitter le Sinaï et à y démanteler ses colonies. L’Égypte assure quant à elle l’accès libre au canal de Suez et au détroit de Tiran, à l’État hébreu. Les deux pays décident aussi de ne plus installer de troupes près de leur frontière commune.

Camp David

Le président égyptien Anouar el-Sadate, à gauche, serre la main du Premier ministre israélien Menachem Begin sous le regard du président américain Jimmy Carter, au centre, à Camp David (Maryland), le 7 septembre 1978. 

AP Photo, File

En contrepartie, les deux États obtiennent un soutien financier de la part de Washington, estimé annuellement à quelques 3 milliards de dollars pour les deux pays.

Quelles conséquences ont-ils eu sur la région ?

Les accords de Camp David ont été qualifiés de "plus grands triomphes diplomatiques du vingtième siècle". Ils marquent la fin du conflit entre Israël et l’Égypte. Menahem Begin et Anouar el-Sadate reçoivent le prix Nobel de la paix, en 1978, pour avoir montré qu’une entente pouvait exister entre Israël et un pays arabe. 

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Mais dans les faits, les accords sont rejetés par la quasi-totalité des pays arabes et ils n’aboutiront qu’à une paix « froide » et les dispositions qu’ils prévoyaient n’ont jamais été appliquées. L’Égypte est critiquée pour n’avoir pas mis davantage en avant la reconnaissance des droits des Palestiniens à l’autodétermination. 

Signature et annonce conjointe à la Maison-Blanche

De gauche à droite, le président égyptien Anouar el-Sadate, le président américain Jimmy Carter et le premier ministre israélien Menachem Begin signent l'un des deux accords conclus lors du sommet de Camp David, lors d'une annonce conjointe à la Maison-Blanche, le 17 septembre 1978.

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Suite à la signature du traité de paix, les membres de la Ligue arabe votent l’exclusion de l'Égypte et le transfert du siège de la Ligue du Caire à Tunis. Le pays est réintégré en 1989 et le siège de la Ligue arabe revient au Caire en 1990.

Anouar el-Sadate, considéré comme un traître pour avoir négocié avec Israël, est assassiné par des membres du Jihad islamique égyptien, en 1981.

Quel héritage pour les accords de Camp David ?

Au Proche-Orient, le nom de Jimmy Carter résonne encore en lien avec ces accords aujourd’hui. Ils représentaient une victoire personnelle pour l’ex-président des États-Unis qui avait poussé les négociations alors que ses propres conseillers les estimaient trop risquées et les chances de réussite quasi nulles.

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À l’annonce de la mort de Jimmy Carter, dimanche 29 décembre, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué le "rôle important" de Jimmy Carter, artisan des accords de Camp David.

Le président israélien Isaac Herzog a lui déclaré que ces accords restaient "un point d'ancrage de la stabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord plusieurs décennies plus tard". L'héritage de Jimmy Carter "sera défini par son engagement profond à forger la paix entre les nations", a-t-il ajouté.