Rami El-Obeidi affirme pourtant que l'OTAN avait pu localiser la cachette de Kadhafi un mois avant sa mort, entre le 20 et le 23 août 2011. "A l'époque, on pensait qu'il s'était enfui dans le désert, en direction de la frontière sud de la Libye" explique-t-il. En réalité, le guide se cache dans son fief de Syrte avec son fils, Mutassim, qui dirigeait les dernières troupes loyalistes. Obeidi ajoute une information surprenante : "Là, le raïs a essayé de communiquer, grâce à son téléphone satellite Iridium, avec certains de ses fidèles qui avaient trouvé refuge auprès de Bachar El-Assad, en Syrie. (…) Et c'est justement le chef d'Etat syrien qui a transmis le numéro de téléphone satellitaire de Kadhafi aux services secrets français". La raison? "En échange, Assad aurait obtenu de Paris la promesse de limiter les pressions internationales sur la Syrie en vue de faire cesser la répression contre le peuple en révolte." Localiser le téléphone satellite et son propriétaire aurait ensuite été un jeu d'enfant pour les experts de l'OTAN. Interrogé par le quotidien régional
La dépêche, Jean-Dominique Merchet, spécialiste des questions de défense estime que la thèse d'un agent français qui aurait tué Kadhafi est "fantaisiste et sans preuves", sans pour autant rejeter en bloc les conclusions du Corriere della Sera. "Les Libyens n'avaient pas besoin d'un agent français pour tuer Kadhafi. En revanche, qu'il y ait eu des agents français, notamment de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure - ndlr) dans le secteur, c'est vrai. D'ailleurs, les officiels français ont été très tôt alertés de la localisation de Kadhafi." Il estime par ailleurs "plausible" la localisation du colonel par des communications passées avec la Syrie sur son téléphone satellite. Le quotidien italien n'est d'ailleurs pas le premier à évoquer aussi frontalement l'intervention française dans la capture du dictateur déchu. Seulement six jours après la mort de Kadhafi, le 26 octobre 2011, le Canard enchaîné publie un article intitulé "Kadhafi condamné à mort par Washington et Paris". Il est signé par Claude Angeli, l'ancien rédacteur en chef du journal, réputé pour ses nombreuses connexions dans les milieux du renseignement militaire et de la diplomatie. Les informations qu'il récolte sont sans équivoque. "A l'Elysée, on savait depuis la mi-octobre que Kadhafi et l'un de ses fils s'était réfugiés à Syrte, avec gardes du corps et mercenaires. Et Sarko avait chargé le général Benoît Puga, son chef d'état-major particulier, de superviser la chasse à l'ancien dictateur" affirme le journaliste. A la DGSE, une formule est même consacrée à cette opération : "'livrer le colis à Renard', et agir en sorte que Kadhafi n'échappe pas à ses poursuivants (une unité du Conseil National de Transition baptisée "Renard"?)" s'interroge Claude Angeli. Il cite ensuite un diplomate français, resté anonyme, qui ironise sur l'intervention de l'OTAN : "La peine de mort n'était pas prévue dans les résolutions de l'ONU qui ont permis à l'OTAN d'intervenir, mais il ne faut pas jouer les hypocrites. A plusieurs reprises, des avions français et britanniques avaient déjà tenté de liquider Kadhafi en bombardant certains de ses repères, à Tripoli ou en détruisant notamment un de ses bureaux."