Né dans une famille bourgeoise le 7 novembre 1918 à Saint-Paul-Cap-de-Joux (Tarn), Paul Aussaresses se porte volontaire en 1941 pour les services secrets en France avant de rejoindre les Jedburghs, ces commandos-suicide britanniques de trois hommes parachutés derrière les lignes allemandes pour des actes de sabotage. L’homme est courageux. Ses actes de bravoure le distinguent. Deux ans plus tard, il intègre les services spéciaux et reçoit la Légion d’honneur.
En 1946, il est l’un des architectes du 11e Choc, le bras armé du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, future DGSE). Le voici désormais à la tête d'un bataillon parachutiste. Il s’envole pour l’Indochine avant de rejoindre en 1957 le général Jacques Massu, commandant la 11e division parachutiste. Il lui demande de rétablir l'ordre à Alger. Aussaresses se retrouve à la tête de ce qu'il appelle lui-même "un escadron de la mort", chargé de procéder à des arrestations nocturnes, suivies de tortures, avec élimination de certaines personnes arrêtées.
Dans son livre-aveu, Service spéciaux, Algérie 1955-1957 (Perrin), il reconnait avoir pratiqué la torture, "tolérée, sinon recommandée" selon lui par les politiques. Ces confessions, accompagnées d'interviews dans la presse, susciteront une tempête politique. Le doute, le regret, la compassion, les états d’âme, très peu pour lui ! Il deviendra presque à lui tout seul la mauvaise conscience française sur le comportement de son pays pendant cette période dramatique. La torture, selon lui, est une nécessité. Il déclare à qui veut l’entendre : "la torture devient légitime quand l'urgence s'impose (…) Il était rare que les prisonniers interrogés la nuit se trouvent encore vivants au petit matin. Qu'ils aient parlé ou pas, ils étaient généralement neutralisés." Ou encore : "C'est efficace la torture, la majorité des gens craquent et parlent. Est-ce que ça m'a posé des problèmes ? Je dois dire que non. Je m'étais habitué à tout cela", assurait-il au début des années 2000, poursuivant : "Je ferais encore ce que j'ai fait, par exemple contre un Ben Laden, si je l'avais entre les mains, comme je l'ai fait avec Larbi Ben M'hidi", célèbre militant nationaliste algérien, combattant et responsable du FLN durant la guerre d'Algérie.