Et pourtant, l’existence numérique post-mortem d’un proche rend parfois le deuil des vivants plus difficile. Edouard Chastenet, 25 ans, a perdu son frère cadet l’année dernière. Pour lui, sa famille et l'amie de son frère, la question de garder la page active ne s’est pas posée : «
Si les héritiers ou ayant-droits peuvent demander la fermeture d’un compte de réseau social ou de messagerie, ils ne sont pas pour autant propriétaires des données numériques du défunt. «
Les données personnelles d’une personne décédée lui appartiennent, sauf volonté de sa part de les transmettre, mais dans ce cas-là, il faut qu'elle l’ait prévu et qu'elle ait fait un testament numérique, » explique Edouard Geffray, de la
Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL). Aujourd’hui, des sites Internet proposent ce type de service : en France, le
site de testament en ligne Testamento a ouvert en décembre 2013. Il vous en coûtera 100 euros pour ce service, mais pour que vos dernières volontés soient respectées, elles devront ensuite être enregistrées - sous un format PDF - et envoyées à un notaire en chair et en os.
D’autres sites, comme
edeneo.fr, propose aux vivants de sauvegarder en ligne, après leur mort, des données numériques personnelles (mots de passe, documents, dernières volontés) qui seront ensuite léguées aux héritiers.
En revanche, impossible pour les ayants-droit de nettoyer l’ «
e-réputation » d’un défunt sur la toile (une simple photo qui vous déplaît, par exemple), sauf exception : «
Les héritiers ont des droits sur les données personnelles du défunt dans l’hypothèse où ces données sont susceptibles de porter atteinte à la vie privée, de porter préjudice aux héritiers ou à la personne défunte, souligne Edouard Geffray.
Car en qualité d’héritiers, ils ont aussi la charge de protéger et de défendre le défunt. »
Pour Edouard Chastenet et sa famille, le deuil ne se fait pas dans le monde virtuel, mais parmi les vivants : « P
our tout ceux qui l’ont connu et pour moi, ce n’est pas Facebook qui représente mon frère, souligne Edouard.
Je préfère parler de lui de vive voix, avoir des photos et me rappeler des bons souvenirs avec des amis plutôt que d'aller sur un profil. Cela reste dans le cadre privé. » Après avoir demandé la fermeture du compte, Edouard a vérifié si toute trace de son frère avait disparu de la toile : «
Il n’y a plus rien, même dans les images, tout a disparu. La seule chose que l’on peut trouver sur Internet c’est un avis de décès tiré de la presse locale que nous avions publié dans La Montage, un quotidien régional français, repris sur le site dansnoscoeurs.fr. Je ne sais pas qui a mis ça par contre. »
Ce site, comme d’autres, fleurissent en effet sur la Toile pour honorer la mémoire des morts : dépôt de bougies, de fleurs, de condoléances, de messages… virtuels sur une tombe font partis des services proposés par le
site Jardin du Souvenir.